Comment (ré)écrire l’histoire collective : Patrimoines, mémoires, tourisme et environnement à l’épreuve des discussions postcoloniales et décoloniales

Journées d’études internationales

26, 27, 28 octobre 2023, Campus Henry Christophe de Limonade (UEH), Limonade, Cap-Haïtien, Haïti

Comité d’organisation : Kesler Bien-Aimé, Edelyn Dorismond, Joseph Sony Jean, Jerry Michel

Résumé : Cette journée d’étude est une initiative du Laboratoire Langages, Discours, Représentations (LADIREP) de l’Université d’État d’Haïti. Elle invite à réfléchir sur l’histoire et l’actualité de la colonialité des pratiques culturelles, des politiques éducatives, mémorielles et patrimoniales, des impacts environnementaux, des constructions identitaires et des imaginaires touristiques. Il s’agit de réfléchir sur le processus de mise en récit, de patrimonialisation, de mémorialisation, de muséalisation et de touristification actuelle des traces du passé dans les sociétés contemporaines. En articulant de nouvelles possibilités du regard, entre savoir et création, les analyses porteront sur les pratiques politiques, patrimoniales, mémorielles, environnementales, éducatives, genrées, culturelles et artistiques contemporaines qui cherchent à (ré)écrire l’histoire collective.  

Argumentaire

L’environnement, les patrimoines, les mémoires, les identités, les arts, les cultures et le tourisme occupent une place centrale dans les sciences humaines et sociales relatives aux expériences historiques des sociétés contemporaines. Que cela soit avec l’appropriation et le détournement ou la reconstitution, les acteurs ordinaires et institutionnels contemporains cherchent, en usant des débats actuels sur les Cultural Studies, le postcolonialisme ou la décolonialité, à interroger l’histoire collective ainsi que ses usages et ses enjeux, permettant ainsi de nouvelles analyses sur les relations complexes qui mettent en jeu les multiples futurs possibles pour l’humanité. Les corpus théoriques, épistémologiques et méthodologiques, nés dans la seconde moitié du XXe siècle, critiquent des situations spirituelles, politiques, symboliques, identitaires, genrées, culturelles, artistiques, environnementales et économiques, dans lesquelles des expériences de dominations sont vécues, souvent subies par des individus ou des groupes stigmatisés par leur histoire, leur origine ethnique, leur sexe, leur culture, ou leur condition socio-économique.

Cette journée d’étude invite à réfléchir sur l’histoire et l’actualité de la colonialité des pratiques culturelles, des politiques éducatives, mémorielles et patrimoniales, des impacts environnementaux, des constructions identitaires et des imaginaires touristiques. Il s’agit de réfléchir sur le processus de mise en récit, de patrimonialisation, de mémorialisation, de muséalisation et de touristification actuelle des traces du passé dans les sociétés contemporaines. Cette journée d’étude explorera particulièrement les liens que la société haïtienne contemporaine entretient avec son passé et la manière dont elle dialogue avec les systèmes de domination et d’inégalités. En articulant de nouvelles possibilités du regard, entre savoir et création, il s’agit d’abord d’analyser des pratiques politiques, patrimoniales, mémorielles, environnementales, genrées, culturelles et artistiques contemporaines qui cherchent à (ré)écrire l’histoire collective. En quoi ces pratiques représentent-elles des formes de convergence entre des perceptions culturelles hégémoniques et la prise en compte des revendications mémorielles des subalternisés qui s’inscrivent dans un contexte plus large de décolonisation et de réparation ? Quels sont les héritages contemporains de l’histoire coloniale et esclavagiste, toujours en cours et saisie et ressaisie par différents acteurs du monde politique et environnemental ? Quels sont les rapports de pouvoir qui se jouent au nom du développement touristique des territoires ? Comment changer les récits mémoriels et modifier les perspectives patrimoniales ? Comment créer des récits contre-hégémoniques et inventer d’autres avenirs ?

Ces questionnements constituent le point de départ de cette journée d’étude. En mettant au jour les continuités et discontinuités entre différents contextes, cette rencontre scientifique ambitionne de contribuer aux débats urgents en cours sur les différentes thématiques constituant le point focal de cette journée d’étude, à savoir :  

  1. Archives, Histoire et Mémoires
  2. Villes, Tourisme et Patrimoine
  3. Récits, sens et construction des identités
  4. Environnement, éducation, risques naturels et colonialité
  5. Archéologie pour repenser l’histoire

D’autres interrogations, non exclusives et présentées ici de manière non limitative, serviront de fil conducteur à nos réflexions. Par exemple, comment construire une histoire commune, apaisée et réellement réparatrice ? Comment engager les restitutions ? Réunissant des chercheurs d’horizons divers, l’ambition de ces jours de réflexions est de favoriser non seulement l’éclosion de nouvelles idées, mais aussi l’émergence de nouvelles figures.

Mots clés : Patrimoines, mémoires, tourisme, éducation, environnement, postcolonialisme, décolonialité

Programme

Jeudi 26 octobre 2023

8h00-8h50 : Accueil du public et petit déjeuner

8h50-9h00 : Mots de Bienvenue : Edelyn DORISMOND (PhD, Enseignant-chercheur à l’UEH, LADIREP)

9h00-10h00 : Conférence inaugurale

Intervenant-e

Carlo A. CÉLIUS, (Historien et Historien de l’art, Directeur de recherche au CNRS, HDR),« Faire de l’histoire, depuis Haïti » 

Modération : Odonel PIERRE-LOUIS, (PhD, Enseignant-chercheur à l’UEH, Doyen de l’ENS, LADIREP)

10h00-10h15 : Pause-café

10h15- 12h00 : Panel 1 : Archives, Histoire et mémoires

Modération : Lukinson JEAN (PhD, Enseignant-chercheur à l’UEH, LADIREP)

Intervenant-e-s

  • Beaudelaine PIERRE, (PhD, Gender Studies, College Arts and Humanities Institute, Indiana University Bloomington), « Interroger le non-humain dans les mouvements de l’histoire »
  • Délide JOSEPH, (PhD), « Histoire et patrimoine : nouveaux objets, défis et perspectives »
  • Emmanuel MILORD, (Doctorant en histoire UEH/EHESS, LADIREP), « Construction de l’administration publique Haïtienne au début du XIXe siècle : Entre volontarisme et effets de culture populaire » 

12h00-13h30 : Pause déjeuner

13h30-14h50 : Panel 3 : Cultures, tourisme et patrimoines

Modération : Mislor DEXAI (PhD, Enseignante-chercheuse à l’UEH, LADIREP)

Intervenant-e-s

  • Jean Rony GUSTAVE, (PhD, Enseignant-chercheur à l’UEH) « Esclavage, Mémoire et Tourisme en Haïti »
  • Ricarson DORCÉ, (Doctorant en ethnologie et patrimoine à l’Université Laval) « La cassave : un patrimoine amérindien en partage » 
  • Jean Sergo LOUIS, (Enseignant à l’UEH), « Mémoire et résistance dans une Port-au-Prince en réseaux au cœur des assemblages des artistes de la Grand-rue »

14h50-15h00 : Pause déjeuner

15h00-16h00 : Panel 4 : Arts, muséologie et mémoire de l’esclavage

Modération : Jerry MICHEL, (Qualifié au titre de Maître de conférence, PhD, Enseignant-chercheur à l’UEH, UMR LAVUE 7218 CRNS, LADIREP)

Intervenants

  • Jean Mozart FERON, (Doctorant-chercheur), « Représenter l’esclavage aux musées et dans l’espace public en Haïti : l’essence d’une quête mémorielle »
  • Sterlin ULYSSE (PhD, Enseignant-chercheur à l’UEH), « Mémoire de l’esclavage à travers artistes : Vilar Denis, Patrick Ganthier (Killy) et Jean Frédéric (Wabba up) »

16h00 : Clôture de la journée

Vendredi 27 octobre 2023

8h00-8h20 : Accueil du public

8h20-9h00 : Petit déjeuner sur place

9h00-11h00 : Panel 4 : Récits, sens et construction des identités

Modération : Geraldo SAINT-ARMAND (Doctorant, Enseignant-chercheur à l’UEH)

Intervenant-e-s

  • Edelyn DORISMOND (PhD, Enseignant-chercheur à l‘UEH, LADIREP), « Se raconter. Construire le lieu du commun»
  • Sabine LAMOUR (PhD, Enseignante-chercheuse à l’UEH), « L’héritage féministe de Madeleine Sylvain Bouchereau »
  • Jean Waddimir Gustinvil (PhD, Enseignant-chercheur à l‘UEH, LADIREP), « Usages et mésusages des lieux de mémoire : l’esthétique de délabrement et ses enjeux pour une éthique décoloniale de patrimonialisation des héritages de la révolution servile »
  • Ketleine Charles (Doctorante en Sociologie en cotutelle à l’Université Laval et à l‘UEH, attachée à LADIREP), « Impact de l’héritage colonial sur les rapports sociaux de sexe en contexte haïtien »

11h00-11h15 : Pause-café

11h15-12h30 : Panel 5 : Archéologie pour repenser l’histoire

Modération: Joseph Sony JEAN, (PhD, Royal Netherlands Institute of Southeast Asian and Caribbean Studies, Leiden The Netherlands)

Intervenant-e-s

  • Gabriela Martinez ROCOURT (Doctorante á l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, UMR ARCHAM 8096), « Sur les traces du café saint-dominguois »
  • Camille LOUIS (Doctorant en archéologie à l’Université de Californie Santa Cruz (UCSC) et au département d’archéologie de Monticello, Virginie, Enseignant-chercheur à l‘UEH), « Marronnage : Une approche archéologique au niveau de la Commune de Dondon en Haïti »

12h30-13h30 : Pause déjeuner

13h30-15h30 : Ateliers et discussions autour du thème« patrimoines, environnement, éducation, risques naturels et colonialité en Haïti » 

Intervenant-e-s

  • Kesler BIEN-AIMÉ (PhD, Enseignant-chercheur à l’UEH, CELAT Laval, LADIREP)
  • Jhon Picard BYRON (PhD,Enseignant-chercheur à l’UEH, Directeur du LADIREP)
  • Joseph Sony JEAN, (PhD, Royal Netherlands Institute of Southeast Asian and Caribbean Studies, Leiden The Netherlands)
  • Jerry MICHEL, (Qualifié au titre de Maître de conférence, PhD, Enseignant-chercheur à l’UEH, UMR LAVUE 7218 CRNS, LADIREP)

15h30-18h00 : Cocktail de clôture et activités culturelles

Samedi 28 octobre 2023

9h00-12h00 : Visite guidée dans la ville du Cap-Haïtien

Liste des participant-e-s, titres et résumés des communications

  • Kesler BIEN-AIMÉ, PhD, Enseignant-chercheur à l’UEH, membre du LADIREP, CELAT Université Laval
  • Jhon Picard BYRON, PhD, Enseignant-chercheur à l’UEH, Directeur du laboratoire LADIREP de l’UEH. Enseignant-chercheur à l’Université d’État d’Haïti, Jhon Picard Byron est rattaché principalement au Département Anthropologie/sociologie et au Master en Anthropologie sociale de la Faculté d’Ethnologie de l’UEH ainsi qu’au laboratoire LADIREP dont il est le directeur. Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Port-au-Prince, diplômé des Universités de Lorraine, Nancy 2 (Master 1), de Paris Diderot (Master 2) et Laval (Ph.D.), J.P. Byron a d’abord développé ses recherches sur la construction culturelle et citoyenne en Haïti à partir de l’œuvre de Jean Price-Mars. Il poursuit ses travaux en s’intéressant à l’entrée (ou l’engagement) de la Caraïbe et du monde méso-américain, plus particulièrement d’Haïti, dans les sciences anthropologiques par le biais des écritures anticoloniales et contre-historiques. Il travaille également sur la construction nationale citoyenne et la mémoire de l’esclavage, sur l’identité culturelle et le patrimoine ethnologique ainsi que sur les instrumentalisations politiques de l’ethnologie. En 2015, il a été visiting lecturer à l’Université Paris 8 (mars et avril 2015). De mai 2018 à avril 2019, il a été accueilli, comme chercheur associé, à l’Unité de Recherche Migrations et Société (Urmis) de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et de l’Université de Paris Diderot, dans le cadre d’un fellowship financé par the Institute of International Education (IIE) et son programme Scholar Rescue Fund (SRF). Byron a publié plusieurs articles et a dirigé la publication de Production du savoir et construction sociale. L’ethnologie en Haïti (Québec/Port-au-Prince : PUL/Éd.UEH, 2014). Il a également co-édité, avec Alessandra Benedicty, Kaiama L. Glover et Mark Schuller, l’ouvrage The Haiti Exception : Anthropology and the Predicaments of Narrative (Liverpool : LUP, 2016). Il est aussi co-auteur d’une analyse comparative sur Jean Price-Mars et Fernando Ortiz, intitulée : « Vers une ethnologie nationale : folklore, science et politique dans l’œuvre de Jean Price-Mars et Fernando Ortiz ». Co-écrite avec ses collègues cubaines, Niurka Núñez González et María del Rosario Díaz (Instituto Juan Marinello- ICAN), cette analyse fera l’objet d’une prochaine publication dans l’ouvrage auquel il a collaboré : Cuba-Haïti : Engager l’anthropologie. Anthologie critique et histoire comparée (1884-1959) (Sous la direction de Kali Argyriadis, Emma Gobin, Maud Laëthier & Niurka Núñez González) (Montréal, CIDIHCA, 2020).
  • Carlo A. CÉLIUS, historien, historien de l’art et HDR, est directeur de recherche au CNRS, membre de l’IMAF, en France. Son dernier ouvrage paru a pour titre Création plastique d’Haïti. Art et culture visuelle en colonie et postcolonie, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2023. Pour consulter la liste de ses publications, se référer à IMAF – Institut des mondes africains – CELIUS Carlo A. (cnrs.fr).

Titre : « Faire de l’histoire, depuis Haïti »

  • Mislor DEXAI, PhD, Enseignante-chercheuse à l’UEH. Docteure de l’Université Bordeaux-Montaigne et de l’UEH (2019), Mislor Dexai est une ancienne étudiante de l’École Normale Supérieure de l’Université d’État d’Haïti. Elle a fait ses études en philosophie, en droit et en littérature françaises, francophones et comparées. Elle s’intéresse à la question de genre, à l’Éducation et aux pratiques enseignantes et pédagogiques égalitaires. Actuellement elle est enseignante-chercheuse de l’Université d’Etat d’Haïti rattachée à la Faculté d’Ethnologie et travaille sur les pratiques pédagogiques au regard du genre au sein du laboratoire de recherche LADIREP (FE/UEH).
  • Edelyn DORISMOND, Enseignant-chercheur à l’UEH. Docteur en Philosophie, co-directeur de la revue Recherches Haïtiano-Antillaises, Vice-président du CRENEL (Centre de Recherches Normes, Échanges et Langage), est membre permanent du laboratoire LADIREP (LAngages DIscours REPrésentations) et attaché au LLCP du Département de Philosophie de l’Université Paris 8. Il enseigne à l’Université d’État d’Haïti (Campus Henry Christophe).

Titre : « Se raconter. Construire le lieu du commun »

  • Ricarson DORCÉ, Ministre Conseiller, Chargé de Culture à la Délégation d’Haiti à l’UNESCO, Doctorant en ethnologie et patrimoine à l’Université Laval

Titre : « La cassave : un patrimoine amérindien en partage »

Résumé

La Cassave est une spécialité culinaire et historique d’Haïti et de toute la région des Caraïbes. Ce patrimoine culinaire, qui nous unit à notre héritage amérindien, est préparé dans la petite industrie, souvent en famille, simplement pour la consommation ou à des fins commerciales locales. La fabrication et la consommation de la Cassave sont ancrées dans la tradition populaire haïtienne, la recette se transmettant principalement dans les familles ou dans les ateliers, de génération en génération. C’est un marqueur de résilience des communautés locales. C’est un symbole de ce que nous, les Caraïbéens et latino-américains, apportons au monde contre la sauvagerie du colonialisme et de l’extermination. C’est un symbole de résistance, de liberté, de refus des discriminations et de restauration de la dignité humaine. Les fêtes patronales et les foires gastronomiques sont des occasions de promouvoir la consommation de la Cassave en Haïti. Comme tout produit du terroir, ce patrimoine culinaire ancestral permet de renforcer la cohésion sociale et, pour reprendre une formule très chère à Laurier Turgeon, de « recréer le lien entre le lieu de production et le lieu de consommation ». Comme patrimoine culturel immatériel, la Cassave est dynamique et « recréée en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire » (Unesco 2003 : art. 2). Elle permet aux membres des communautés de la Région de se singulariser, de militer pour une citoyenneté active, de consolider leurs identités, notamment dans ce contexte de globalisation des échanges qui caractérisent les sociétés contemporaines. Elle pourrait être un élément important de développement régional local. Elle fait le lien entre le passé et le présent, sans ignorer son goût pour l’avenir. Différentes communautés tant en Haïti qu’au niveau de la Région sont impliquées dans la sauvegarde de ce patrimoine qui est fondamental dans leur vie en lien à la fois au passé, au présent et au futur. Un futur considéré, pour reprendre la formule de Bortolotto Chiara, « comme de plus en plus menaçant vis-à-vis duquel la sauvegarde du patrimoine est proposée comme antidote et garde-fou ». Donc, la Cassave se veut, pour reprendre l’expression de Jean-Pierre Rioux, « un langage unificateur et créatif, un message d’avenir lancé à toutes les générations ». Par ailleurs, cette année, plusieurs pays de la région de la Caraïbe et de l’Amérique latine ont soumis ensemble la candidature de la Cassave pour inscription sur la Liste Représentative de l’Unesco dans le cadre de la Convention de 2003. L’utopie est l’un des concepts susceptibles de nous aider à cerner la complexité de ce processus de candidature. L’utopie construit l’imaginaire social qui interroge l’ordre social dominant, l’ordre des choses qui existent. Chaque occasion qu’on a pour appréhender la Cassave est un moment de fécondité utopique. Cela a une signification très importante pour les Haïtiens, les Caraïbéens et latino-américains. Cela nous donne de l’énergie nécessaire pour continuer la lutte, pour résister. L’utopie de la Cassave est une utopie de la rébellion. C’est à travers cette utopie que vivent les aspirations sociales de tout le peuple de la Région. Ainsi, dans le cadre de cette communication, nous souhaitons répondre aux questions suivantes :  pourquoi mobiliser la Cassave comme patrimoine partagé à travers la région ? En quoi consiste la biographie utopique de la Cassave ?  En quoi cette candidature peut-elle renforcer les liens entre les pays de la Région ? Quelles sont les retombées de cette inscription pour Haïti, pour la Région et pour l’Humanité ?

  • Jean Mozart FÉRON, est doctorant-chercheur en anthropologie à l’Université Laval (Canada) et détient une maîtrise en Histoire, Mémoire et Patrimoine (Université d’état d’Haïti en partenariat avec l’Université Laval, Canada). Il est également licencié en anthropologie/sociologie à l’Université d’état d’Haïti.  Il a réalisé un stage de recherche au Laboratoire de Muséologie et d’Ingénierie de la Culture (LAMIC) de l’Université Laval et au musée de la Civilisation du Québec. Il est membre-enseignant de la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine de l’Université d’État d’Haïti et membre de l’ICOM. Ses premiers intérêts de recherche se sont portés sur l’enseignement de l’histoire par les musées et l’évaluation de leurs publics. Ses recherches doctorales portent sur la mise en récit des sites de mémoire de l’esclavage en Haïti, tel que la Croix-des-Bossales. Il enseigne à l’Université d’État d’Haïti depuis 2012, notamment à l’Institut d’Études et de Recherches Africaines d’Haïti (IERAH) et à la Faculté d’Ethnologie où il occupait le poste de Responsable des Affaires Académiques pendant 2 ans. Il a enseigné également à l’Université Quisqueya (Uniq) de 2016 à 2019.

Titre : « Représenter l’esclavage aux musées et dans l’espace public en Haïti : l’essence d’une quête mémorielle »

Résumé

Le besoin de se remémorer l’esclavage et ses multiples conséquences a donné lieu à une série de débats par des intellectuels (Price Mars, Firmin, Roumain, Barthelemy, Célius) et des institutions (Société haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie, Bureau National d’Ethnologie, etc.) mais aussi des musées (MUPANAH, MOF, musée du Parc Historique de la Canne à Sucre). Ces musées ont exposé entre autres des chaines d’esclaves et ont agité l’intérêt de ce débat dans le paysage muséal haïtien ; débat qui, pourtant, peine à être disséminé dans un espace public plus large. Si, d’un côté, on reconnaît l’importance de la mise en public de la mémoire de l’esclavage à travers les musées, d’un autre côté, la précaution est de mise quand il s’agit de traiter cette question dans une société comme Haïti, ayant connu la traite et l’esclavage. Cette proposition veut insister sur le fait que parmi les courroies de transmission de la mémoire et du patrimoine, les musées sont un des vecteurs par excellence (Célius 1998) pour les peuples de parvenir à dire l’indicible. Par conséquent, leur rôle est incontournable dans toute démarche de mise en mémoire et/ou de mise en patrimoine de l’esclavage en Haïti.

  • Jean Rony GUSTAVE, PhD, PhD, Enseignant-chercheur à l’Université d’État d’Haïti (UEH), enseignant-chercheur à l’Université Publique de l’Artibonite aux Gonaïves (UPAG), coordonnateur du Programme de Maîtrise en Histoire, Mémoire et Patrimoine (HMP) de l’UEH/IERAH-ISERSS, coordonnateur général du Centre d’Études sur le Patrimoine et le Tourisme en Haïti (CEPAT-H).

Titre :« Esclavage, Mémoire et Tourisme en Haïti »

  • Jean Waddimir GUSTINVIL, Docteur en philosophie, Enseignant-chercheur à l’Université d’État d’Haïti, Directeur Adjoint du laboratoire LADIREP, rattaché à l’École Normale Supérieure (ENS) et ancien responsable académique pour l’ENS du programme de maîtrise en Sciences de l’éducation mis en place par l’ENS et l’université du Québec à Chicoutimi. Il est l’auteur de La révolution servile haïtienne et l’énigme du retour publié dans les éditions de l’université d’Etat d’Haïti.

Titre : « Usages et mésusages des « lieux de mémoire » : l’esthétique de délabrement et ses enjeux pour une éthique décoloniale de patrimonialisation des héritages de la révolution servile » 

  • Joseph Sony JEAN, PhD, Royal Netherlands Institute of Southeast Asian and Caribbean Studies, Leiden The Netherlands.
  • Lukinson JEAN, Lukinson Jean, membre permanent du LADIREP, enseignant-chercheur à l’UEH et détenteur d’un doctorat en Sciences sociales de la santé, est sociologue. Après une licence de philosophie à l’ENS de Port-au-Prince, il a entamé des études de sociologie de la licence jusqu’au doctorat à l’Université de Limoges, en France. Sa thèse a porté sur les stratégies mobilisées par les soignants en vue d’inclure et gérer les personnes âgées dans un essai médical à caractère préventif sur la maladie d’Alzheimer intitulé Multidomain Alzheimer Preventive Trial (MAPT study). Ses recherches actuelles relèvent de la socio-économie et de la socio-anthropologie de la santé, de la sociologie de l’Etat et des problèmes sociaux, de l’analyse des politiques sociales et sanitaires.
  • Délide JOSEPH, PhD

Titre : « Histoire et patrimoine : nouveaux objets, défis et perspectives »

Résumé

L’histoire et les études patrimoniales ont pendant longtemps évolué en parallèle, sans que les spécialistes cherchent à franchir les limites de leurs disciplines respectives. Depuis quelques années, toutefois, les collaborations et les échanges se sont accrus – les historiens découvrant le potentiel exceptionnel du patrimoine, notamment du patrimoine bâti, urbain et muséal, comme source et comme support à la diffusion des connaissances. Deux objets constitutifs de l’identité nationale, le patrimoine et l’histoire ont un long parcours à faire ensemble. Dans cette communication, je vais d’abord contextualiser la notion de patrimoine, puisque la définition de l’histoire va de soi (en tout cas pour moi), ensuite aborder les nouveaux objets de l’histoire et particulier de l’histoire sociale et culturelle en ce qui concerne la culture matérielle, et enfin recenser quelques textes pionniers réalisés par des historiens haïtiens et afin de dégager quelques pistes pour des recherches dans les années à venir.

Fiche Bio-bibliographique

2020, « Genèse du nationalisme culturel haïtien. Le Cercle littéraire de 1836-1839 » Cahiers d’Études africaines, N° 237 LX (I), Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, pp. 63-88.

2018, « Poétisation de l’histoire d’Haïti : aux origines du « réel merveilleux » (1801-1843) », dans Hélène Le Dantec-Lowry, Marie-Jeanne Rossignol, Mathieu Renault, Pauline Vermeren (Dir.), Marges et histoire : des historiens africains américains à l’histoire globale, Presses universitaires de Tours.

2017, L’État haïtien et ses intellectuels : socio-histoire d’un engagement politique (1801-1860), Prix de la Société haïtienne d’histoire et de géographie, Port-au- Prince, édition Le Natal, avril 2017.

  • Sabine LAMOUR, PhD, Enseignante-chercheuse à l’UEH.Elleest une sociologue qui a reçu son doctorat à l’École Doctorale des Sciences Sociales de Paris 8 Saint-Denis, en 2017.  Depuis 2012, elle est professeure de sociologie à l’Université d’Etat d’Haïti. En 2018, elle a co-publié l’ouvrage intitulé : Déjouer le silence : contre- discours sur les femmes haïtiennes aux Editions Remue-Ménage (Montréal). Au Québec, elle est également membre du RéQUEF. En Haïti, Dr. Lamour intervient depuis 2005 au sein des organisations de femmes en tant que militante féministe, formatrice et consultante indépendante, tant au niveau rural qu’urbain.

Titre : « L’héritage féministe de Madeleine Sylvain Bouchereau »

  • Camille LOUIS, est doctorant en archéologie à l’Université de Californie Santa Cruz (UCSC) et au département d’archéologie de Monticello, Virginie.  Il étudie également l’archéologie maritime aux académies Diving With a Purpose et Slave Wreck Project de Smithsonian. Il est également conservateur de musée. Il a commencé ses études de licences à l’université d’état d’Haïti : Faculté d’Ethnologie et IERAH/ISERSS ; continue ses études at the University of the West Indies (Jamaïque), puis son premier master à Taiwan: Taipei National University of the Art,  en conservation et archéologie, puis son deuxième master aux États-Unis à l’Université de Californie Santa Cruz en archéologie.  Ses intérêts de recherches se portent sur l’archéologie coloniale, l’archéologie du paysage, l’analyse de culture matérielle, et la conservation de collection muséale. 
  • Titre : « Marronnage : Une approche archéologique au niveau de la Commune de Dondon en Haïti »
  • Jean Sergo LOUIS, Enseignant-chercheur à l’UEH, Anthropologue et expert en patrimoine. Chargé de cours et Assistant de recherche au programmede Maitrise en Histoire, Mémoire et Patrimoine de l’UEH. Membre de la direction de la CHAIRE UNESCO en Histoire et Patrimoine.

Titre : « Mémoire et résistance dans une Port-au-Prince en réseaux au cœur des assemblages des artistes de la Grand-rue »

Résumé

Cette communication est une tentative pour examiner les rapports mnémoniques et artistiques que représentent les objet-d’art nouvellement conçus dans les ateliers des artistes de la résistance de Grand-rue. On part de l’idée que ces derniers entretiennent une mémoire plurielle après avoir été transformé par le geste de réassemblage d’une pluralité de matériaux en objet-d’art qui seront mis en vente ou en exposition dans des circuits et réseaux nationaux et internationaux. Donc, ces nouveaux objets assemblés par l’animation de la trie et de récupération sont des biens culturels, de mémoires et deviennent par la suite des objets de médiation inscrits dans une dynamique de résistance et de transmissibilité. 

Mots-clés : Mémoire plurielle, résistance, biens culturels, assemblages, Grand rue. 

  • Jerry MICHEL, Qualifié au titre de Maître de conférence, PhD, enseignant-chercheur à l’UEH, UMR LAVUE 7218 CRNS, LADIREP
  • Emmanuel MILORD, Doctorant en histoire UEH/EHESS, LADIREP

Titre : « Construction de l’administration publique Haïtienne au début du XIXe siècle : Entre volontarisme et effets de culture populaire » 

Résumé

La tendance dominante de l’historiographie d’Haïti considère l’administration publique de ce pays comme une organisation façonnée par des principes issus exclusivement de la philosophie des Lumières et des grandes avancées administratives de la France révolutionnaire, du gouvernement de Napoléon et d’autres États du monde occidental. Ce regard, quoique fidèle au penchant authentique des élites fondatrices et constructrices d’Etat en Haïti à partir de 1804, nie les effets de pratiques de certains groupes d’acteurs non étatiques qui participent à la vie administrative. Des rapports, des circulaires, des instructions et des témoignages, laissent, contre le gré de la raison officielle, des traces pour la plupart marginales, témoignant d’une composition active mais timide, entre la culture populaire et des règles issues du droit administratif de souche occidentale. D’où la nécessité de questionner la combinaison existante entre le volontarisme téléologique des autorités et l’agentivité des acteurs non étatiques, dans le cadre de la formation de l’administration en Haïti au début du XIXe siècle. Pour nous écarter de la tendance traditionnelle à poser l’administration haïtienne comme simple consommatrice des normes de l’étranger, nous interrogeons des pratiques sociales du pays à un double niveau rural et national, dans une perspective d’écriture de l’histoire administrative par les marges du monde moderne. Ce dialogue entre l’approche téléologique et celle de l’agentivité permet à la fois de décentrer l’analyse de l’administration et de saisir des contributions de l’administration haïtienne au monde moderne, en imposant des normes issues de la philosophie de la révolution de 1804 à d’autres États. Les sources primaires à mobiliser sont les suivantes : publicités et articles de journaux ; discours, proclamations, rapports, procès-verbaux, circulaires et instructions des autorités ; constitutions, lois, décrets et arrêtés des gouvernements ; notes administratives et correspondances d’agents consulaires étrangers ; manuscrits d’observateurs étrangers ; arrêts des tribunaux.   

Bibliographie 

Ardouin, Beaubrun. Études sur l’histoire d’Haïti, 11 tomes, Paris, Dézobry et E. Magdeleine, 1853-1860.

Bird, Marc Baker. L’indépendance haïtienne [1876], Port-au-Prince, Fardin, 2013.

D’Alaux, Gustave. L’Empereur Soulouque et son empire [1856], Port-au-Prince, Fardin, 1988.

Hurbon, Laennec. Le barbare imaginaire, Port-au-Prince, Henri Deschamps, 1987.

Joseph, Délide. L’Etat haïtien et ses intellectuels : socio-histoire d’un engagement politique (1801-1860), Port-au-Prince, Le Natal, 2017.

Léon, Rulx. Propos d’histoire d’Haïti, Port-au-Prince, Imprimerie de l’Etat, 1945.

René, Jean Alix. Haïti après l’esclavage : formation de l’Etat et culture politique populaire (1804-1860), Port-au-Prince, Le Natal, 2019.

Pradine, Linstant. Recueil général des lois et actes du gouvernement d’Haïti, 6 tomes, Paris, A. Durant,1860-1886. 

  • Beaudelaine PIERRE, PhD, Gender Studies, College Arts and Humanities Institute, Indiana University Bloomington
  • Titre : « Interroger le non-humain dans les mouvements de l’histoire »
  • Odonel PIERRE-LOUIS, PhD, membre permanent du LADIREP, Enseignant-chercheur à l’UEH. Professeur, doyen à l’École Normale Supérieure (ENS) et Coordonnateur en interface pour le Master Éducation : politique et gestion du programme UEH/CLASO, enseigne également à la Faculté d’Ethnologie au niveau de la licence et de la maîtrise- a une formation en philosophie et en sociologie. Il détient une maîtrise en Didactique FLE (UAG), un Master en Philosophie de l’Université de Paris 8 dont le sujet portait sur « Le discours de la pitié : Police ou politique ? » et un doctorat en philosophie politique de l’Université de Paris7-Diderot. Sa recherche se focalise sur Haïti dans une démarche transversale qui mobilise la philosophie, la sociologie et l’anthropologie. Bénéficiaire en 2014-2015 d’une bourse postdoctorale du Fonds Croix-Rouge Française, Odonel Pierre-Louis a poursuivi une recherche qui portait sur « Haïti : De l’urgence à l’humanitaire durable : entre l’action humanitaire et l’action sociale (Croix des Prez et Canaan) ».
  • Gabriela Martinez ROCOURT, est doctorante á l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Elle est membre de l’école doctorale Archéologie des Amériques (ARCHAM) de l’UMR 8096.

Titre : « Sur les traces du café saint-dominguois »

  • Geraldo SAINT-ARMAND, Doctorant, Enseignant-chercheur à l’UEH
  • Sterlin ULYSSE, PhD, est Enseignant-chercheur à l’UEH.

Titre : « Mémoire de l’esclavage à travers artistes : Vilar Denis, Patrick Ganthier (Killy) et Jean Frédéric (Wabba up) ».

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