Webinaire spécial du laboratoire LADIREP sur la situation sociopolitique et sécuritaire

<< Haiti : d’une formation sociale en mutation à l’effondrement du système politique >>

Liminaire

Mars 1990 marque la chute du dernier gouvernement militaire de la période post-Duvalier présidé par le général Prosper Avril. Avant l’entrée en fonction comme présidente provisoire de la République de Ertha Pascal Trouillot, juge à la cour de cassation, l’Armée d’Haïti, par l’intermédiaire du Général Hérard Abraham, pouvait assurer un court intérim de 72 heures et maintenir l’ordre public. Bien mieux, la solution politique adoptée faisait l’unanimité. La juge entre normalement en fonction et l’Etat se remet à fonctionner.

En février 2004, ce fut pareil. Un autre juge de la cour de cassation, Boniface Alexandre, remplace Jean Bertrand Aristide, contraint de démissionner, sans mettre à mal la continuité de l’Etat.

En revanche, à peine deux décennies après 2004, en mars 2024, la chute du pouvoir de facto d’Ariel Henry (Chef de gouvernement et Chef d’Etat) ne permet ni de mettre fin au chaos rampant qui a suivi l’assassinat du Président Jovenel Moïse ni de sortir de l’impasse politique.

En ce mois d’avril 2024, plus d’un mois après les assauts répétés des bâtiments publics et des commissariats par les gangs, plus de 15 jours après la démission du premier ministre Ariel Henry, le conseil présidentiel, deux semaines après la désignation de ses membres, peine encore à s’installer. Et on ne sait pas encore si ce fameux appareil que les acteurs en pourparlers n’ont pas fini de dessiner survivra aux aléas de cette transition politique.

La décapitation de l’Etat est un fait patent. Son effondrement total ne tient qu’à un fil. Il est plus qu’évident que la survie éventuelle de l’Etat haïtien ne saurait être envisagée sans l’appui de forces étrangères.

A l’heure qu’il est, on n’a plus d’autre choix que celui d’assister les bras croisés au péril. Les élucubrations et les professions de foi nationalistes semblent servir à rien.

A l’heure qu’il est, dans l’éventualité de la survie de ce pays au désastre en cours, on doit se mettre à penser l’avenir.

A l’heure qu’il est, on doit commencer à penser ce qu’il aurait fallu faire pour ne pas être là et ce qu’il faut faire pour que rien de tel ne se reproduise plus.

Modérateurs:

• Marie Claire Christine Reid, LADIREP, UEH & CELAT, ULAVAL
• Lukinson Jean, CHCL, LADIREP, UEH