Dans la nuit du 16 au 17 novembre 2018 (de 19h à 7h)), se tient à l’UNESCO la seconde édition de la nuit de la philosophie à l’occasion de la Journée mondiale de la philosophie. Le thème retenu cette année est « La philosophie après l’art : la philosophie prend globalement la relève ». Jean Waddimir Gustinvil* présentera une session autour de : « La littérature après la dictature ».
L’absence d’une politique de mémoire des victimes des dictatures des Duvalier (Père et fils) par les institutions étatiques constitue une menace contre l’expérience de la démocratie balbutiante dans le pays. La question reste pendante : À partir de quelle mémoire faut-il instituer les institutions de la post-dictature ? Peut-on faire silence sur les violences passées (ou le passé des dictatures) sans rompre les liens de solidarité / d’humanité qui lient les citoyens dans la relation de citoyenneté et d’humanité ?
Aucune institution ne peut faire l’économie de la mémoire parce qu’elle (l’institution) est toujours pensée depuis et à partir d’un lieu de mémoire ou d’une certaine mémoire. Le silencement organisé par l’État contre la mémoire des victimes des dictatures ne serait pas sans risque pour l’avenir de la démocratie, elle entraine par ailleurs une subalternisation de ces mémoires. Le travail de passage et de passeurs de mémoires se trouve bloqué dans les politiques publiques. Or, la prise en charge des souffrances et des injustices commises par les individus au nom d’une certaine idéologie de l’Etat constituerait un moyen d’apaiser les douleurs et prévenir le retour des fantômes du passé. Paradoxalement, en dépit de l’absence d’une politique mémorielle de l’Etat, l’on constate que l’espace littéraire à travers les romans devient un lieu de résistance par rapport au silencement orchestré par l’Etat. À quoi pensent les romans lorsqu’ils font rejouer le partage des mémoires ? De quoi ces mondes possibles dont ils mettent en scène sont-ils capables ?
* Jean Waddimir Gustinvil, Docteur en Philosophie, Enseignant-chercheur à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), rattaché à l’Ecole Normale Supérieure (ENS), est membre de l’Axe 2 « Dynamiques sociopolitiques, Productions du savoir anthropologique et Circulation des idées » du laboratoire LAngages DIscours REPrésentation (LADIREP). Pour plus de détails, Cliquez.