In Memoriam Pierre Valéry Béliard (1980-2024)

Le décès de Pierre Valéry Béliard arrive comme un coup de tonnerre pour l’arracher à nos affections.  Son départ prématuré pour l’au-delà constitue une perte énorme pour l’Université d’Etat d’Haïti en général, pour le laboratoire LADIREP en particulier, et pour l’appareil judiciaire haïtien qui pouvait compter parmi les siens un passionné et professionnel du droit.

Pierre Valéry Béliard laisse malheureusement derrière-lui inachevée une thèse de doctorat innovante et prometteuse qui met en regard le droit haïtien dans son rapport avec la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Ses premiers lecteurs d’un article tiré de sa thèse publié dans le premier volume du bulletin semestriel du laboratoire LADIREP ont découvert la promesse d’une pensée originale et inspirante.

Ses recherches qui gardent une teneur critique de la faillite de l’Etat haïtien ont été orientées vers les droits socio-économiques et culturels haïtiens. Doté d’un sens aiguisé de l’histoire d’Haïti, il s’est attelé à une analyse de cet État en proie à la corruption, qui peine à protéger les droits sociaux de ses citoyens et à en garantir leur effectivité. Ses participations à des journées d’études et ses publications dans des actes de colloques abordent des thématiques diverses sans toutefois arriver à se départir du droit et de l’histoire ( « Le discours transnational entre dépossession identitaire et mouvance multiculrelle », Communication présentée lors de la 33e conférence annuelle de la Haitian Studies Association (HSA), tenue du 21 au 23 octobre 2021, à Washington, DC) .

Pierre Valéry a choisi le chemin du droit avec l’ardent désir de contribuer à un monde plus équitable et une Haïti désormais égalitaire. Son travail académique, empreint de rigueur et de persévérance, a touché des domaines cruciaux et a influencé ses pairs et ses mentors. Il a démontré une maîtrise impressionnante des concepts juridiques et historiques tout en restant humble, a souligné son directeur de thèse, à l’Université Grenoble, dans la note qu’il a rendue publique. Toujours selon son directeur : « discuter avec Monsieur Béliard, c’était entrer dans l’histoire d’Haïti et les drames qui secouent cet État depuis des décennies, mais avec un regard qui, pour lucide qu’il était, n’était jamais dénué d’espérance. C’était aussi saisir que, pour lui, le savoir, la culture, le droit, la justice, sont des armes pour servir la cause des droits de l’homme en lesquels il croyait (CESICE  du15 juillet 2024) ».

Au Palais de Justice de Port-au-Prince, Me Béliard s’est fait remarquer dans les différentes audiences correctionnelles et criminelles. « On dirait que Me Pierre Valéry Béliard était né avocat », a évoqué Me Jean Robert Fleury (Le Nouvelliste du 22 décembre 2015).

Rodady et Jonel GUSTAVE

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