22, 23 et 24 Février 2024 – Université d’État d’Haïti (Campus de PAP et de Limonade)
Programme
Cérémonie d’ouverture du colloque
Jeudi 16/16.30
Propos d’ouverture:
- Professeur Ronald JEAN-JACQUES, Organisateur
- Professeur Jean Waddimir GUSTINVIL, Directeur du LADIREP
- Professeur Fritz DESHOMMES, Recteur de l’UEH
Conférences d’ouverture
Jeudi 16.30/18hres
Axe 5, Panel 1 :
- Professeur Ronald JEAN-JACQUES, Président
- Professeur Marc Félix CIVIL : « Traumatisme psychique, prévention et interventions thérapeutiques : le sens des concepts »
- Professeur Jean Marie THEODAT : « Port au Prince, cartographie de la violence »
- Professeure Judite BLANC : « Drames et résonnances : un modèle bio psychosocial pour décrypter l’héritage de l’esclavage dans le trauma haïtien »
- Professeure Guerda NICOLAS : « Emancipating our mind from mental slavery, yesterday, today and tomorrow”
Vendredi 9/10.30
Axe 4, Panel 2 : (Campus de Limonade) :
- Professeur Lukinson JEAN, Président
- Professeur Edelyn DORISMOND : « La fêlure haïtienne. Traumatisme esclavagiste et origine de la société haïtienne »
- Professeur Waddimir GUSTINVIL : « L’énigme de la scène coloniale dans la violence exercée par les colonisés pour sortir du rapport colonial »
- Professeur Guesly MICHEL : « Traumatismes psychiques en Haïti : de la prévention aux interventions thérapeutiques »
Vendredi 11/12.30
Axe 2, Panel 3 :
- Professeur Odonel PIERRE LOUIS, Président
- Professeur Joël Des ROSIERS : « Archives de la terreur. Métaspora, trauma et psychose »
- Nice Glyne HYACINTHE : « La réalité clinique du traumatisme psychique en Haïti »
- Béatrice DALENCOUR-TURNIER : « L’accompagnement de filles et femmes victimes de la violence des gangs et impact sur les psychologues soignantes »
- Professeur Alin DORISCAR : « Bio psychosocialité atroce et ses conséquences sur la santé mentale des enfants »
Vendredi 12.30/13.30 (heure du repas)
Axe 3, Panel Étudiant: (Campus de Limonade)
- Bendy MATHIEU, Président
- Christina Roussa CHARLES : « Approche thérapeutique du traumatisme psychique en Haïti : une compréhension approfondie du traumatisme et de ses conséquences psychosociales sur le citoyen haïtien »
- Rose Dorlie CHAVANNES: « Traumatismes psychiques: de la prévention aux interventions thérapeutiques »
- Angelet TILUS : « Approches thérapeutiques du traumatisme psychique »
Vendredi 13.30/15.30
Axe 5, Panel 4:
- Béatrice DALENCOUR-TURNIER, Présidente
- Professeur Jean Claude DUTES : « Short-term psychological intervention for traumatized patients »
- Rodginie DORCENT et Bendy MATHIEU : « Adaptation linguistique et culturelle de Adverse Childhood Experiences Questionnaire, ACE-Q »
- Professeure Gilberte BASTIEN: « Understanding and addressing the legacy of trauma among Haitian immigrant & refugee communities in the US »
- Danielot PIERRE : « Trauma d’un artiste : l’influence du cinéma sur le développement sociétal en Haïti à travers le prisme du traumatisme et de la jeunesse »
Samedi 9/10.30
Axes 3 et 4, Panel 5:
- Professeur Marc Félix CIVIL, Président
- Lourdes Stéphane ALIX : « Trauma, Danse, Guérison »
- Nathanael JOSSELIN : « Décrypter l’indicible : le traumatisme cumulatif dans la consultation transculturelle de l’Hôpital Avicenne »
- Woovendy ZAMOR : « Des traumatismes au bien-être : rôle de la résilience au sein de la population haïtienne »
- Régine THERMY-JEAN BAPTISTE : « Traumatismes complexes et relationnels chez les enfants issus de familles dysfonctionnelles dans le contexte socio politique d’Haïti »
- Darline MEDNA: « Le traumatisme psychique chez le bébé : prévention et interventions précoces »
Samedi 11/12.30
Axe 5, Panel 6:
- Professeur Claude Mane DAS, Président
- Professeur Lenz JEAN FRANÇOIS : « Violence, pauvreté et traumatisme en Haïti ; que peut faire la Psychologie ?
- Professeur Roberto BATAILLE : « Modèles représentations populaires du stress post- traumatique »
- Marie Louise REMY : « La situation de domesticité vécue par des adolescents : quels enjeux psychologiques »
- Professeur Nixon CALIXTE : « Le sujet à l’épreuve du préjugé de couleur, quelques aspects tirés de la fiction littéraire »
Samedi 12.30/13.30 (Heure du repas)
Axes 3, 4 et 5, Panel Étudiant:
- Rodginie DORCENT, Présidente
- Bénaldo JOURDAIN : « Pour une compréhension de la dissociation dans le vécu traumatique à partir de la théorie de la dissociation structurelle de la personnalité »
- Burgarth PIERRE: « Changements climatiques et traumatisme : des jalons pour une politique publique de santé mentale en Haïti »
- Euthnide ELASCO : « Une politique publique transdisciplinaire de non-violence pour la prévention et la prise en charge du traumatisme en Haïti »
- Weekly HENRY : « Manifestations culturelles du stress post traumatique chez les jeunes de Carrefour-Feuilles suite à la situation de violence des gangs armés »
- Dodlyne Phynée ALADIN: « Traumatisme psychique : de la prévention aux interventions thérapeutiques »
Samedi 13.30-15hres
Axes 1 et 2, Panel 7 de Clôture:
- Professeur Marc Félix CIVIL, Président
- Professeur Jhon Picard BYRON : « Usage(s) des traumatismes « au temps d’après » »
- Professeur Bildadson CADELUS : « Haïti, la communauté politique au croisement du Bien commun et du Bien-être personnel»
- Professeur Hérold TOUSSAINT : « Perspectives plurielles sur l’insécurité et les traumatismes psychologiques en Haïti »
Auteurs, Notices, Titres et Résumés des présentations
1. Marc Félix CIVIL, Médecin, philosophe, psychologue et enseignant-chercheur à l’Université d’État d’Haïti, membre permanent du laboratoire LADIREP, Vice-Doyen de la section Médecine à la Faculté de Médecine et de Pharmacie, et auteur de « Consentement aux soins médicaux : état de la question » aux étions Connaissances et Savoirs.
« Traumatisme psychique, prévention et interventions thérapeutiques : le sens des concepts »
Mon pays vit aujourd’hui une situation sans précédent où les conséquences de la violence sous toutes ses formes pèsent individuellement et collectivement. Il n’en demeure pas moins que la santé mentale de la société haïtienne dans son ensemble en pâtit. Dans un tel contexte, les sciences humaines et sociales, notamment la psychologie, à côté de la médecine, doivent se mobiliser en vue d’une compréhension descriptive et explicative de ce phénomène afin de proposer des pistes de solution à court, moyen et long terme. Ce colloque consacré à l’insécurité et traumatisme psychique en Haïti, se donne pour objectif, entre autres, d’établir et de mesurer le lien entre ces deux concepts. Mais bien avant de procéder au contrôle de l’influence des variables issues de leur opérationnalisation, il convient d’abord de faire dégager le sens de ces concepts. Ce qui permettra de mieux appréhender le réel qu’ils décrivent. Dans cette intervention je propose de répondre aux questions suivantes : Qu’est-ce que le traumatisme psychique ? Comment son contenu définitionnel a-t-il évolué à travers le temps ? En quoi consistent la prévention et la thérapeutique dans un contexte haïtien de traumatisme psychique ? En quoi la conception psychanalytique d’origine freudienne du traumatisme serait-elle plus éclairante sur le plan de l’épistémologie de la psychopathologie que la conception nord-américaine en matière de prise en charge préventive et thérapeutique des victimes ?
2. Judite BLANC, PhD in Psychology, Assistant Professor, Department of Psychiatry & Behavioral Sciences, Center for Translational Sleep and Circadian Sciences (TSCS), University of Miami, Miller School of Medicine.
« Trames et résonances : un modèle biopsychosocial pour décrypter l’héritage de l’esclavage dans le trauma Haïtien »
Dans ma présentation, j’explore les réponses au trauma historique chez les haïtien.ne.s. Ce modèle reconnaît les traumatismes persistants et les dysfonctionnements systémiques qui nourrissent les cycles actuels de violence et d’agressivité. Les normes culturelles, l’absence de réparation et une structure sociale inéquitable sont identifiées comme les racines des conflits sociopolitiques, de la criminalité organisée et des crises de santé publique, traduisant la violence structurelle et interpersonnelle. Je propose des stratégies de désescalade axées sur l’éducation non-violente, des réparations sociales et psychologiques qui incluent le travail de deuil et les thérapies enracinées dans la culture haïtienne, et l’élaboration de politiques équitables. L’objectif est d’atteindre une résolution de conflits non-violente et d’instaurer une culture de paix durable, en abordant la complexité des traumatismes individuels dans un contexte d’injustices systémiques. S’appuyant sur des études en santé publique, cette présentation établit un lien entre les traumatismes historiques et leurs effets transgénérationnels et propose des interventions pratiques pour le bien-être actuel des communautés haïtiennes. Elle souligne l’importance d’intégrer les dimensions biologiques, psychologiques et sociales pour parvenir à une transformation sociale durable et significative.
3. Guerda NICOLAS, Dr. Guerda Nicolas, Professor in the Educational and Psychological Studies department at University of Miami, School of Education and Human Development; Past Secretary General of the Caribbean Alliance of National Psychological Association; and Co-Founder of Ayiti Community Trust and Rebati Sante Mantal. Born in Grand Goave and raised in Petit Goave, she immigrated to the United States in her teens. She obtained her doctoral degree in clinical psychology from Boston University. She completed her predoctoral training at Columbia University Medical Center and her postdoctoral training at the New York State Psychiatric Institute/Columbia University, Department of Child Psychiatry. As a multicultural (Haitian American) and multilingual psychologist (English, Spanish, French, and Haitian Creole), her research is reflective of her background and interests. Her current research focuses on the integration of race and culture and well-being for ethnically diverse and immigrant communities. Some of the projects that she is currently working on include: promoting academic excellence among ethnically diverse youth, identify development of Black youths, and empowering ethnically diverse parents to be effective parents. In addition, she conducts research on social support networks of Caribbean populations with a specific focus on Haitians. She has published several articles and book chapters and delivered numerous invited presentations at the national and international conferences in the areas of culture and mental health, racism and health, Haitian mental health, women issues, depression and intervention among Haitians, social support networks of ethnic minorities, and spirituality. She is the recipient of the 2018 Humanitarian Award of the American Psychological Association.
« Emancipating our mind from mental slavery, yesterday, today and tomorrow”
4. Jean Marie THEODAT, né à Port-au-Prince, études de géographie et de philosophie à Sorbonne Université. Agrégé de géographie et docteur en géographie, récemment élu Directeur du département de Géographie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Fut Directeur de l’AUF pour la Caraïbe et premier président du Campus Henry Christophe de l’UEH.
« Port au Prince, cartographie de la violence »
La diffusion sociale de la violence implique une ségrégation spatiale et temporelle qui oblige à une stratégie d’adaptation pour circuler et continuer à vivre dans un environnement hautement violent dans un contexte de vulnérabilité systémique.
5. Edelyn DORISMOND, Docteur en Philosophie
« La fêlure haïtienne. Traumatisme esclavagiste et origine de la société haïtienne »
Que peut-on entendre par “fêlure”? Il s’agit d’une ligne, ligne de fuite, qui se dessine et par ce dessin, fragilise la structure d’un objet ou d’un humain: structure physique du sol, structure psychologique de l’homme. Mais qu’est-ce qui fait advenir cette fissure? Un coup de force, une violence, un dispositif déstructurant. La fêlure haïtienne est conséquence d’une brisure brutale opérée par l’expérience fondatrice et paradoxale: l’esclavage. Comment comprendre l’in-sistance de cette fêlure et sa fonction tragique dans la vie haïtienne, considérée comme tragique? Telle est la question à laquelle je tenterai de répondre en vue d’une anthropologie fondamentale de la société haïtienne.
6. Guesly MICHEL, Psychologue communautaire, co-fondateur et Directeur Général du Sant Sante Mantal Mòn Pelé ; co-fondateur de l’initiative « Jedimantal » ; co-auteur du livre « Bons Thés d’Esprit » ; Co auteur de 7 articles scientifiques sur la santé mentale en Haïti ; Gestionnaire culturel (diplôme en innovation et créativité) ; Concepteur et formateur du module « premiers soins psychologiques en Haïti ».
« Traumatismes psychiques en Haïti : de la prévention aux interventions thérapeutiques »
Aujourd’hui, Haïti est en proie à un ensemble de conditions et de situations qui exposent incessamment les haïtiens/nes à des dangers extrêmes. Toutes les situations de catastrophes naturelles comme les inondations, les tremblements de terre, ou les catastrophes non naturelles comme les massacres, les kidnappings, les agressions physiques et sexuelles, la réalité du phénomène de « bwa kale », le climat d’insécurité généralisée et diffuse, créent un environnement et un conditionnement déstabilisant pouvant générer des traumatismes psychiques pour n’importe quel individu vivant ou exposé en Haïti. En conséquence, nous avons formulé des questions pertinentes aux expériences des haïtiens telles que : quelles sont les principales manifestations de ces traumatismes psychiques dans la réalité haïtienne? Ou, que faire pour prévenir l‘impact de ces traumatismes psychiques dans notre société? Suite à ces questions, nous avons formulé une série d’axes de réflexion pour tenter de mieux comprendre ces phénomènes dans notre société d’aujourd’hui. Il s’agit notamment d’explorer les fondements de la souffrance psychosociale en général, comment elle se manifeste en Haïti en particulier, les approches psychologiques du traitement de cette souffrance, le rôle de la politique et de la société dans la lutte contre cette souffrance, et l’importance de construire des liens sociaux solides “konbit” pour lutter contre ces formes de traumatisme. Nous espérons qu’en explorant ces sujets, il pourra y avoir une plus grande prise de conscience du rôle que joue le traumatisme dans la maladie mentale et la souffrance psychosociale en Haïti aujourd’hui.
7. Nice-Glyne HYACINTHE, Née à Ouanaminthe, elle a étudié les Sciences de l’Éducation et la Psychologie. Elle est détentrice d’un Master en Gestion des Systèmes Éducatifs, d’un Master en Psychologie Clinique et Psychothérapie et d’un Master en Neuropsychologie Clinique. Études qu’elle a réalisées à l’Université Quisqueya (Haïti), à l’Université Européenne Miguel de Cervantes (Madrid). Présentement, elle est Directrice de l’École de Secrétariat du Christ-Roi et du primaire du Collège Marie-Anne. À l’Université, elle enseigne la Philosophie de l’Éducation (CIFOR) et l’Introduction à la Psychologie (Christ The King Secrétarial School). Actuellement, elle est doctorante en Psychologie (UEH en cotutelle avec l’UMons, Belgique).
« La réalité clinique du traumatisme psychique en Haïti »
Bien qu’une réalité clinique existant depuis des siècles, le traumatisme psychique n’a été découvert que vers la fin du XIXème siècle et se développe particulièrement dans des pays en guerre. Chez nous, les divers cas de violence sur le psychisme haïtien, en l’occurrence, des cas de vol, de viol, de kidnapping, de catastrophes naturelle et du phénomène « bwa kale », l’épidémiologie de la santé mentale haïtienne suscite un intérêt particulier de la part de certains chercheurs cliniciens domestiques. Il est un fait qu’à côté des troubles anxieux et dépressifs, le traumatisme psychique est un des plus fréquents troubles enregistrés. Par le biais des méthodologiques analytique et clinique, cet article mettra en exergue la spécificité de certains cas de traumatisme psychique en Haïti, ainsi que les approches le plus souvent utilisées lors des prises en charge. Il cherchera à identifier et mesurer ces genres de troubles en tenant compte de sa prévalence et de sa comorbidité, et finalement, il en identifiera quelques variables associées. Ses résultats pourront être d’utilité à travers les politiques publiques sanitaires si toutefois l’État veut aborder avec sérieux ce problème.
8. Beatrice DALENCOUR-TURNIER, Psychologue
« L’accompagnement de filles et femmes victimes de la violence des gangs et impact sur les psychologues soignantes »
9. Jean Waddimir GUSTINVIL, Docteur en Philosophie,Enseignant-chercheur à l’Université d’État d’Haïti, Directeur Adjoint du laboratoire LADIREP, rattaché à l’École Normale Supérieure (ENS) et ancien responsable académique pour l’ENS du programme de maîtrise en Sciences de l’éducation mis en place par l’ENS et l’université du Québec à Chicoutimi. Il est l’auteur de La révolution servile haïtienne et l’énigme du retour publié aux éditions de l’université d’État d’Haïti.
« L’énigme de la scène coloniale dans la violence exercée par les colonisés pour sortir du rapport colonial »
Dans cette communication, je souhaite analyser et discuter la persistance des « scènes » de violence dans l’esprit des acteurs qui sont engagés dans des luttes de libération (ou des luttes politiques) en reprenant une intuition forte de Frantz Fanon dans Les Damnés de la terre qui suggère l’idée que le « colonisé » ne peut sortir du rapport colonial établi par le « colon » à travers son entreprise de colonisation sans recourir à la violence. Cette impossibilité de fait est-elle une impossibilité de droit ? Est-ce à dire que l’esprit du colonisé porterait forcément la signature du maître ? Ou bien faudrait-il l’interpréter à partir de cette suggestion qui veut que la scène originaire coloniale découlant de la colonisation crée une situation de dédoublement aussi bien chez le colon que chez le colonisé ? Quelle issue reste-t-elle à ceux, (ancien) colonisés ou (ancien) esclavagisés, qui sont assimilés à des « damné de la terre » par Fanon et qui tentent de sortir du fond des enfers des scènes de violence coloniale, en tentant d’instituer un rapport « a-colonial » (pour reprendre un concept d’Adler Camilus) ? À quoi est-on en droit de s’attendre de ces efforts de décolonisation ?
10. Alin DORISCAR , Doctorant en Psychologie et Relation d’aide
« Bio-psychosocialité atroce et ses conséquences sur la santé mentale des enfants »
Le bien-être biopsychosocial des individus révèle une tentative très complexe. Sa complexité est toujours la résultante de l’adéquation entre les différentes composantes de notre personnalité. Ainsi, les anomalies que nous connaissons ont des origines soit biologiques, psychologiques, sociales, culturelles, spirituelles ou autres. Dans ce cas, nos recherches s’accentuent sur les causes des souffrances psychiques des enfants. Nous avons réalisé cette présente recherche dans l’objectif d’expliquer l’impact grandissant de la carence affective sur le développement psychosocial des enfants qui ont du mal à être accepté et à se faire accepter, comprendre dans la société du fait que leurs pathologies sont multiformes et laissent grandement à désirer. Pour réaliser la recherche, nous avons ré effectué un stage à la structure d’accueil dénommée Lakay Don Bosco, Cap-Haitien. Nous avons effectué des séances d’observation, des entretiens axés sur la psychosocialité des enfants arr. Nous avons utilisé l’échelle d’évaluation de l’estime de soi de Rosenberg et de Jeffrey Young E. et Klosko M. Nous avons effectué des séances de prise en charge et de pratique d’Art-Thérapie. Comme résultats, cette recherche nous a permis de comprendre le phénomène du développement psychosocial d’enfants de rues, ses caractéristiques en termes de différence par rapport à la normalité. Nous avons aussi compris l’étiologie de leur pathologie ayant engendré un vide relationnel, affectif, communicationnel et d’autres types de conduites inadaptés, inappropriés. En conclusion, notre recherche s’accentue sur les causes les traits du passé en termes de blessures narcissiques issus des problèmes parentaux antérieurs surviennent et entravent leur développement. Le besoin est évident, comme le suggèrent d’autres chercheurs comme Bowlby.
11. Hérold TOUSSAINT, Psychologue humaniste, théologien, communicateur social et détenteur d’un doctorat en sociologie à l’Ecole des Hautes Etudes en sciences Sociales (EHESS, Paris), Hérold TOUSSAINT est professeur des Universités. Il est professeur invité à l’Université Laval (Québec). Le Docteur Toussaint a été Vice-recteur aux Affaires Académiques à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) de 2016 à 2020. Il est membre associé au CéSor -Centre d’études en sciences sociales du religieux – dont le siège social est à Paris. Il est fondateur du Collectif des Universitaires Citoyens ( CUCI) et de la FONJCEC ( Fondation Jeunesse, Connaissance et Engagement Citoyen) . Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont a) Psychanalyse sociale, religion et politique. Lire Erich Fromm en Haïti ; Habitus social et violence symbolique. Lire la sociologie critique de Pierre en Haïti ; c) Communication et Etat de droit selon Jurgen Habermas ; Le métier d’étudiant. Guide méthodologique du travail intellectuel (2021, 2024) b) Le Courage d’habiter Haïti au XXIe siècle. La vocation de l’universitaire-citoyen ; c) L’utopie révolutionnaire en Haïti. Autour de Jacques Roumain ; d) Devenir des intellectuels humanistes à la lumière de « La Belle Amour Humaine » de Jacques Stephen Alexis.
« Psychologie, habitus social et héritage colonial en Haïti: Pour une véritable éducation à la responsabilité »
Il est essentiel de comprendre notre histoire en tant que peuple colonisé afin d’examiner les questions de violence, de souffrance et de traumatisme de manière lucide. Pour cela, nous nous appuyons sur les concepts d’habitus social développé par le sociologue français Pierre Bourdieu, d’héritage colonial proposé par l’historien haïtien Placide David, et de responsabilité selon le psychiatre autrichien Viktor Frankl. Nous cherchons à comprendre comment les traces du système esclavagiste contribuent à nos souffrances individuelles et sociales, et nous soulignons l’urgence d’une véritable éducation à la responsabilité au niveau national. Cette éducation est nécessaire pour permettre à chaque Haïtien.ne de se réconcilier avec sa véritable humanité.
12. Rodginie DORCENT et Bendy MATHIEU, Psychologues
« Adaptation linguistique et culturelle de Adverse Childhood Experiences Questionnaire (ACE-Q) »
La prévention et l’intervention dans la prise en charge des traumatismes psychiques en Haïti ne sauraient être effectives sans l’identification des individus ayant vécu des événements traumatiques dans l’enfance. En effet, le «Adverse Childhood Experiences Questionnaire (ACE-Q)», échelle de mesure qui explore ces évènements potentiellement traumatiques vécus pendant l’enfance en lien avec les potentiels conséquences sur la santé physique, mentale et les relations à l’âge adulte est un des outils les plus utilisés à cette fin. Il est composé de 10 items et institué depuis en 1998 par Vincent J. Felitti et ses collègues. Une version internationale est adoptée par l’UNICEF pour les études sur les traumatismes dans l’enfance dans les communautés. Toutefois, la nécessité d’une adaptation du ACE-Q au milieu haïtien est nécessaire. Ainsi, la communication que nous proposons est un exposé sur son adaptation linguistique et culturelle au contexte haïtien. Lequel travail standardisé pourra être utilisé à l’avenir par d’autres professionnels intéressés par l’étude des traumatismes de l’enfance en contexte haïtien vu qu’aucun travail de ce genre n’est encore connu dans notre milieu clinique. Dans cette communication, nous mettrons, premièrement, l’accent sur la pertinence du choix de cette échelle dans la détection des traumatismes vécus dans l’enfance. Deuxièmement, nous explorerons la méthodologie utilisée qui inclut les étapes de traduction, les différents tests psychométriques réalisés et leurs résultats. Troisièmement, nous procéderons à la présentation de la nouvelle échelle adaptée avec ses items. Quatrièmement, nous partagerons notre expérience et apprentissages comme apprentis chercheurs. Et pour terminer, nous présenterons les limites du nouvel outil.
13. Gilberte BASTIEN, PhD in Psychology
Titre: « Understanding and Addressing the Legacy of Trauma Among Haitian Immigrant & Refugee Communities in the U.S. »
Abstract: Immigrant and refugee populations are disproportionately affected by mental illness, with exposure to trauma being a particularly alarming feature of the migration and settlement process. Individuals of Haitian descent represent one of the fastest growing immigrant groups in the United States. Haitian immigrants and their plight became front page news after Haiti’s devastating earthquake in 2010. However, the story of collective trauma affecting Haiti and her children can be traced back to slavery. This historical and largely unaddressed trauma has been compounded by numerous disasters and humanitarian crises, including cholera outbreaks, hurricanes, the COVID19 pandemic, assassination of a sitting president and increasingly alarming political violence and insecurity. The mental health impact of these types of adverse events have been documented, especially for populations who are directly affected. However, the indirect or vicarious impacts on members of the Haitian Diaspora are less understood. While typically not physically present during Haiti’s humanitarian crises, Haitians in the diaspora are meaningfully impacted through the death/injury of loved ones, loss of property and material assets in Haiti, and the overall emotional toll (distress/despair/hopelessness) associated with tragedies back home. There is a need for more research to elucidate the psychological consequences of traumatic events in Haiti for the diaspora and to develop culturally-responsive and trauma informed strategies for addressing their trauma related needs. We present experiences from a Haitian mental health initiative, focusing on academic community partnerships and leveraging community assets such as churches to promote mental wellness among Haitian Diaspora communities in the U.S.
14. Danielot PIERRE, Administrateur d’Action Sociale et Culturelle, Spécialiste en Développement Communautaire, Technicien de jeunesse, Service Animation et Loisir d et de la Direction de Jeunesse et Insertion, du Ministère de la Jeunesse des Sports et de l’Action Civique, MJSAC, Directeur Général Lence Make Art (LMA), une École de Mode et d’Art, Fondateur de CADANCE firme de consultation, Cinéaste/Réalisateur de documentaire.
« L’impact du cinéma sur le développement de la société haïtienne en relation avec le traumatisme et la jeunesse »
En s’appuyant sur la théorie de l’attachement de John Bowlby de la psychologie du développement, elle explore comment les liens affectifs précoces influencent la manière dont les individus gèrent les traumatismes et interagissent avec leur environnement. En utilisant la théorie de l’agenda-setting de la communication culturelle, la recherche se penche sur la capacité du cinéma à définir les thèmes prioritaires dans la société, en particulier en Haïti, et sur la façon dont cela façonne les discussions autour du traumatisme et de la jeunesse. L’approche sémiotique de Roland Barthes en théorie cinématographique est également employée pour analyser comment les signes et les symboles visuels et narratifs dans les films créent des significations émotionnelles chez les spectateurs haïtiens. Cette analyse permettra de comprendre comment le cinéma influence les perceptions du traumatisme et de la jeunesse, et comment il contribue à la guérison, à la sensibilisation et à la transformation sociale. Dans l’ensemble, cette communication adopte une approche interdisciplinaire, reliant la psychologie du développement, la communication culturelle et la théorie cinématographique, pour éclairer la manière dont le cinéma peut façonner le développement sociétal au sein de la jeunesse haïtienne en traitant les traumatismes et en suscitant des réflexions significatives.
15. Darline MEDNA, Psychologue
« Le traumatisme psychique chez le bébé : prévention et interventions précoces »
Le traumatisme psychique chez le bébé est une thématique complexe et en constante évolution dans le domaine de la psychologie du développement. Les recherches récentes ont démontré que les nourrissons peuvent être sensibles aux expériences traumatiques et que celles-ci peuvent avoir de graves conséquences sur leur développement émotionnel, cognitif et social. Ce texte scientifique vise à examiner les aspects clés du traumatisme psychique chez le bébé, en mettant l’accent sur les mécanismes sous-jacents, les symptômes observés, ainsi que les implications cliniques pour l’évaluation et l’intervention précoce. Plan de la communication : i) Contexte du traumatisme psychique chez le bébé, ii) Mécanismes sous-jacents du traumatisme psychique chez le bébé, ii) Signes du traumatisme psychique chez le bébé, iv) Évaluation du traumatisme psychique chez le bébé, v) Interventions précoces pour les bébés traumatisés, vi) Prévention du traumatisme psychique chez le bébé, vii) Synthèse et perspectives futures pour la recherche et la pratique clinique. Pour conclure, nous avons tenté de mettre en lumière l’importance de reconnaître et de comprendre le traumatisme psychologique chez les nourrissons. Les connaissances actuelles soulignent la nécessité d’une évaluation précoce et de mesures appropriées pour atténuer les conséquences à long terme sur le développement de l’enfant. Une approche globale, axée sur le soutien familial et la prévention, est essentielle pour promouvoir le bien-être des nourrissons et de leurs familles. La sensibilisation et l’éducation peuvent également contribuer à réduire l’incidence des traumatismes psychologiques chez les nourrissons.
16. Lourdes Stéphane ALIX, est danseuse (débutante) depuis plusieurs années et Psychologue communautaire. Sa formation en Psychologie a été obtenue à l’Université d’État d’Haïti (Licence) et à l’Université Laval (Doctorat). Sa formation en danse a commencé il y a très longtemps dans des contextes très divers (carnaval, rara, école de danse…) et se poursuit aujourd’hui au Centre artistique Nyata à Montréal.
Trauma – Danse – Guérison
Dans cette présentation, je partage des intuitions et réflexions en construction, issues de ma pratique de danse et de ma pratique clinique. En partant du point de vue de l’ethnopsychiatrie je me questionne sur ce qui existe comme outils dans notre contexte pour gérer les problèmes de santé et de maladie en général et pour faire face au trauma en particulier. Plus précisément, je me questionne sur le rôle de la danse dans les processus de guérison dans le contexte haïtien. En me référant à la littérature scientifique sur les réactions au trauma, et sur les approches corporelles en psychothérapie, je réfléchis sur les processus en œuvre dans la manière dont la danse est mobilisée au quotidien en Haïti. Les perspectives pour l’intervention et la recherche seront envisagées.
17. Nathanael JOSSELIN, Psychologue clinicien
« Décrypter l’indicible : le traumatisme cumulatif dans la consultation transculturelle de l’hôpital Avicenne »
Le polytraumatisme, les traumatismes complexes, le traumatisme cumulatif, les traumatismes de type II, les traumatismes transgénérationnels sont autant de concepts qui décrivent une réalité clinique complexe où les événements traumatiques s’enchevêtrent. Ces situations traumatiques s’accumulent de manière silencieuse et imperceptible (Khan, 1974) et sont de l’ordre de la non-représentation et de l’indicible (Botella, et Botella, 2007). Souvent, elles tirent leurs sources dans les liens transgénérationnels et intergénérationnels, attisant une tendance à la répétition.La consultation transculturelle, dispositif thérapeutique de seconde intention, s’avère particulièrement efficace pour prendre en charge des traumatismes des enfants et des adolescents en situation migratoire. Les patients référés à cette consultation présentent souvent un tableau symptomatologique atypique, souvent caractérisé par des formes qui diffèrent des celles présentées par des natifs. Quels leviers thérapeutiques sont à la disposition des cliniciens? Quel est la place des éléments culturels, mis en avant par les enfants de migrants ?A travers le cas d’une adolescente, d’origine haïtienne, de 16 ans, cette proposition de communication illustrera les éléments de ce cadre thérapeutique qui ont permis un début de mise en sens et d’élaboration de ce tableau symptomatique particulièrement redoutable. Puis elle essaiera de faire des propositions pour une clinique du traumatisme cumulatif dans le contexte haïtien.
18. Woovendy ZAMOR, Étudiant en Master 2 en Psychologie clinique et Psychopathologie
« Des traumatismes au bien-être : rôle de la résilience au sein de la population haïtienne »
La population haïtienne fait face à différents évènements potentiellement traumatiques et des études relèvent des niveaux de résilience élevés. Une résilience qui semble paradoxale (Blanc et al., 2020 ; Dérivois et al., 2018). La résilience après traumas a souvent été considérée auprès de cette population, le bien-être l’est un peu moins. Dans l’étude qui sera présentée, nous nous proposons de combler cette lacune en explorant les liens entre ces concepts et le rôle de la résilience entre le vécu des traumas et le bien-être psychologique. Réalisée en 2023, auprès d’une population de 438 haïtiens, elle utilise un protocole quantitatif comprenant trois instruments : l’échelle d’évènement traumatique (THQ) (Green, 1996, cité dans Spertus et al., 1999), l’échelle de bien-être mental de Warwick-Edinburgh (Tennant et al., 2007) et l’échelle de la résilience de Connor-Davidson (Connor et Davidson, 2003). Avec certaines différences significatives selon le sexe, les principaux résultats montrent un cumul de traumas (M=6.3, ET=3.27), un niveau de résilience élevé (M=67.25, ET=15.06) et une moyenne de bien-être de 49.28 (ET=7.92). Des événements tels que la confrontation aux catastrophes naturelles, à des blessés, aux cadavres, à la mort ou au danger de mort de proches sont évoqués par plus de la moitié des répondants. Les résultats révèlent une corrélation négative entre cumul de trauma et bien-être (r= -13, p< 0.1), une corrélation positive entre bien-être et résilience mais ne fournissent pas suffisamment de preuve (Z=-1.32, p= 0.188) montrant que la résilience modère le l’impact du cumul de trauma sur le bien-être.
19. Régine THERMY JEAN BAPTISTE, Psychologue
« Traumatisme Complexe et relationnel chez les enfants de parents abusifs, dans le contexte socio politique d’Haïti »
L’interaction entre le traumatisme et la parentalité liés aux événements socio-politiques en Haïti met en lumière la nature délicate du traumatisme chez les enfants issus de parents abusifs. Certains enfants vivent dans un état de silence (Romano, 2013) et expriment leur détresse intérieure par des troubles de comportement et des difficultés scolaires. Dans ce contexte, les soins parentaux peuvent atténuer les problèmes comportementaux (Sriskandarajah et al. (2015). De plus, la parentalité en Haïti est marquée d’abus physiques et verbaux. Plus de 67% des enfants ont connu des épisodes de châtiments corporels (Flynn-O’Brien et al., 2016). Les enfants font face à des parents eux-mêmes profondément touchés par les événements qui, dans leur propre quête de survie, peuvent recourir aux abus pour maintenir un semblant de contrôle. Les parents sont moins enclins à la chaleur et plus enclins à la violence envers leurs enfants. (Eltanamly, H, et al. 2021).
Pour expliquer ce phénomène, une approche de traumatisme complexe englobant les sources de stress et d’adversité (Cook A. et al., 2005) et relationnel analysant l’impact des interactions familiales altérées par des facteurs socio-politiques (Scheeringa et al., 2001) est pertinente. En somme, cette analyse met en évidence la manière dont le traumatisme complexe et relationnel chez les enfants de parents abusifs s’entremêle avec les dynamiques socio-politiques en Haïti. Comprendre cette interaction est crucial pour concevoir des interventions ciblées, prenant en compte les besoins psychologiques des enfants et les défis du contexte sociopolitique, en vue d’un avenir plus stable et sain pour les générations futures.
20. Lenz JEAN FRANÇOIS, Psychosociologue
«Violence, pauvreté et traumatismes en Haïti : que peut faire la psychologie?»
Il semble évident que le contexte haïtien au cours des quatre dernières décennies s’avère potentiellement anxiogène et traumatisant pour une forte portion de la population. Au-delà des catastrophes naturelles et la violence liée à la débâcle politique, il y a tout un fond structurel tissé autour de la pauvreté extrême, les différentes formes d’abandon vécus notamment par les démunis, l’imprévisibilité et l’urgence du quotidien qui fragilisent les individus. Comme le rappelle le rapport « Pushed to the Bottom : The experience of poverty in the United States » les blessures physiques et émotionnelles causées par la pauvreté dès l’enfance durent et persistent à travers toute la vie. Or ce sont justement ces pauvres séculairement victimes de mépris social, de violences humiliantes et d’absences de contrôle sur leur propre vie qui sont les plus exposés à la violence que connait actuellement le pays. Et l’on présume que ces conditions de vie liées au stress chronique les rendent encore plus vulnérables à d’autres types de traumatismes. Une lecture différenciée et systémique du phénomène est fondamentale et préalable à toute démarche de prise en charge et de prévention. Comprendre le contexte d’émergence de ce que nous vivons dans une perspective psychosociale. Au-delà du diagnostic de ces traumatismes, que peut proposer la psychologie (la psychologie communautaire) face au caractère massif de ce phénomène ? Que peut risquer la psychologie en termes de projets concrets de prévention et de réhabilitation psychosociale dans les familles, les quartiers et les écoles, s’inspirant en partie d’un Martin Seligman, qui pour lui, la psychologie n’est pas seulement l’étude de la maladie, de la faiblesse et des dommages, c’est aussi l’étude de la force et de la vertu. Le traitement ne consiste pas seulement à réparer ce qui ne va pas, il consiste aussi à construire autour de ce qui est juste, ce qui nous permet de résister, de s’émanciper, de faire des projets, découvrir la vie, la beauté, l’amour, l’efficience, etc.
21. Roberto BATAILLE, Psychologue
« Modèle représentation populaire du stress post-traumatique »
La représentation populaire des faits part d’un point révélateur culturel pour expliquer une pathologie psychologique, par une référence nosologique de l’étiologie haïtienne. En Haïti, les gens ont leurs propres manières de concevoir et d’expliquer un trouble par le biais des diverses interprétations culturelles sans même tenir compte d’une approche scientifique. La nature de la folie des personnes touchées par le stress post-traumatique est liée à la sorcellerie d’un ennemi. À cause du manque d’informations que détiennent les membres de la communauté et la famille qui ne parviennent pas à faire une meilleure représentation du problème, afin de faire un choix d’un professionnel capable d’accompagner le sujet pour apporter une réponse au problème caractérisé par un comportement psychotique séparer de la réalité de cette dysfonctionnement lié par un sentiment de détresse ou d’une dégradation fonctionnelle ainsi qu’une réaction atypique ou inattendue dans un contexte culturel donné (Durand et Al.,2002). A ce stade, la prise en charge d’un malade mental nécessite une perspective multidimensionnelle, à savoir, biopsychosociale pour un modèle thérapeutique approprié (Morin et al. 2006). L’importance que reverse la communauté avec la représentation populaire d’un trouble psychologique est prépondérante pour la prise en charge des sujets en difficulté. D’après mon expérience à Limbé où j’ai pu rencontrer des familles des sujets souffrants du stress post-traumatique l’attribue comme étant une maladie loas/zombi. Par ce constat nous avons ainsi formulé notre question : en quoi le déficit de connaissance scientifique des maladies mentales peut-il impacter le sujet sur l’influence du modèle de représentation populaire ?
22. Marie Louise REMY a une licence en Psychologie et est étudiante finissante en Sciences Juridiques. Citoyenne engagée et activiste. Elle est la cofondatrice de « Action pour le Développement Personnel et Communautaire en Haïti (ADPEC-Haïti), Atizana Lakay et Platfòm Nouvel Ayiti. Auteure du recueil de poésie « Pelmel ».
« La situation de domesticité vécue par des adolescents : quels enjeux psychologiques »
Toute unité complexe est à la fois une et composite. L’Un, bien qu’irréductible en tant que Tout, n’est pas une substance homogène, et comporte en lui altérité, scission, négativité, diversité, antagonisme (virtuels ou actuels) » Morin (cité par Morin, 1985: 269).
Cette affirmation d’Edgar Morin évoque d’emblée la récursivité existant entre l’individu et la société. De tel rapport entre l’un et le collectif ne fait qu’émettre que la part du collectif dans l’unité et vice-versa. Ce qui est censé admettre que l’individu charrie en lui-même le collectif. À en croire cela, les différents événements (positifs ou négatifs) dont l’individu peut être acteur ou spectateur ont un impact sur lui. À cet effet, les phénomènes menaçant la vie peuvent ou pas conduire à un vécu traumatisant. Dans l’objectif de parvenir à une compréhension sur les enjeux psychologiques des « adolescents » (comme période fragile de la vie de l’individu) ayant vécu une situation de domesticité, nous allons présenter 4 sujets à partir de l’approche de la sociologie clinique. Celle-ci prend en compte de la subjectivité de l’individu dans sa propre histoire. Entre autres, des entretiens semi-directifs seront réalisés en vue de la prise en compte de cette subjectivité. Par ailleurs, vu les représentations liées à la question de santé mentale en Haïti, une recherche empirique sera réalisée sur le thème traumatisme en vue d’une compréhension d’ordre culturelle.
23. Joël Des ROSIERS, psychiatre, psychanalyste, poète et essayiste. Membre de l’Académie des lettres du Québec, il est lauréat du Prix Athanase-David, le prix littéraire le plus prestigieux décerné par le Gouvernement du Québec. Des Rosiers suit pendant de nombreuses années à Strasbourg le séminaire de psychanalyse dirigé par le Pr Lucien Israël, membre de l’École freudienne de Paris, figure de la psychanalyse française qui avait été analysé par Jacques Lacan. Membre de la Société Canadienne de Psychanalyse (Québec English), il dirige le séminaire « Psychanalyse et littérature » et y apporte les défis que la littérature offre à la psychanalyse en tant que théorie de la production du sens psychique. Joël Des Rosiers pratique la psychanalyse et exerce la psychiatrie dans les hôpitaux avec un intérêt particulier pour la psychanalyse de la psychose, la psychopathologie de la perversion et les enjeux culturels du trauma et de la migration. Il enseigne le cours « Médecine et littérature » au séminaire offert par le Département de psychiatrie de l’Université de Montréal. Il a été invité à prononcer de nombreuses conférences et à animer des séminaires dans des universités et hôpitaux prestigieux dont Harvard (2013), Emory (2015), Paris 8 (2018), l’Hôpital Douglas, l’Hôpital général juif. Il a récemment signé la préface de la première traduction en français intitulée Color Line. Oppression et Inconscient (2018) du livre phare d’Abram Kardiner et Lionel Ovesey, The Mark of Oppression, A Psychological Study of the American Negro(1951). Il a publié le chapitre « Race, sex, jealousy and power » dans l’ouvrage de référence en psychanalyse Jealousy (2018). Au mois de janvier 2021, Joël Des Rosiers est invité par le Département de psychiatrie de l’Université de Montréal à prononcer la conférence intitulée « Psychiatrie de la race ».
« Archives de la terreur, Métaspora, trauma et psychose »
Comme conséquence de la mutation des sociétés disciplinées en sociétés faillies, l’échec du système de gouvernance introduit une asymétrie tragique entre les gens du dedans et ceux du dehors. Par opposition à la diaspora mélancolique, j’appelle « métaspora » la perversion digitale de la nostalgie, ce qui mesure la distance entre les êtres intimes et l’intimité inattendue de la distance. (Des Rosiers : 1996, 2013). La violence est désormais greffée sur les traumatismes de la migration, des désastres naturels et des réfugiés sur fond d’aliénation raciale. de la contiguïté des espaces psychiques et politiques transnationaux. N’importe quel événement, sans égard à la situation socioculturelle, conduit à décoloniser le diagnostic d’État de stress post-traumatique, c’est-à-dire à délocaliser les limites de notre compréhension. Deux vignettes cliniques d’enlèvement et de tentative d’homicide en Haïti suivies de troubles mentaux chez les parents des victimes au Canada permettront de questionner cette transfiguration du réel : tantôt l’opacité tantôt la fluidité du réel traumatique. Pour reprendre Fanon, « La vérité est que la colonisation, dans son essence, se présentait déjà comme une grande pourvoyeuse des hôpitaux psychiatriques. » La contiguïté des espaces psychiques et politiques transnationaux exige désormais une nouvelle théorie de la terreur.
24. Jean Claude DUTES, PhD en Psychologie, Licensed Psychologist, Clinical Neuropsychologist, Graduate Affiliate Professor Florida Atlantic University
« Short-Term psychological intervention for traumatized patients »
In this presentation, I will describe a treatment procedure for stabilizing emotionally distressed persons who have experienced a traumatic event. Theoretical bases for the treatment program, patient selection criteria and choice of interventions will be discussed. In addition, the importance of understanding and working within patients’ belief systems while assisting them to broaden their repertoire of coping skills will be explained and emphasized. Using case examples Participants will learn how to select a manageable treatment focus, become aware of attention processing difficulties suggestive of mental overloading, as well as how to pace content and emotionality and using relaxation procedures with and without imagery.
25. Nixon CALIXTE, Philosophe
« Le sujet à l‘épreuve du préjugé de couleur. Quelques aperçus tirés de la fiction littéraire »
Les penseurs les plus avisés dénoncent dans le préjugé de couleur tantôt une aliénation coloniale (Fanon), tantôt le terrain du calcul économique (Memmi). La présente communication cherche à attirer l’attention, par-delà ce double aspect fondamental, sur un processus d’effondrement du sujet que permet de décrire la “daseinsanalyse” (dans son acception binswangérienne) appliquée à des textes d’auteurs haïtiens et antillais (Evelyne Trouillot, Emmelie Prophète, Maryse Condé). L’enjeu, c’est de quitter le terrain strictement idéologique pour décrire dans le préjugé un problème de santé publique touchant un sujet écorché, abandonné à son sort et, qui pis est, incapable de faire peau neuve. En définitive, nous montrons dans le préjugé un jeu de miroir où le sujet en question, victime et bourreau de lui-même et quelquefois aussi bourreau des autres, est mis à mort symboliquement en se voyant refuser la pleine présence (pour cause de complexion honteuse), non sans appeler pour lui-même ou infliger à autrui cette mort-là. Il s’agit donc de revisiter un circuit mortifère.
25. Bildadson CADELUS, Philosophe, détenteur d’un Master 2 en philosophie politique de l’Université Paris 8 (France), d’une licence en droit et d’une licence en philosophie de l’Université d’État d’Haïti (UEH). Il est enseignant-chercheur à l’Université d’État d’Haïti où il enseigne la philosophie et la philosophie politique depuis 2011. Ses recherches portent sur la démocratie, l’accès à l’éducation et le vodou.
« Haïti: la communauté politique au croisement du Bien Commun et du Bien-être personnel »
La philosophie politique regroupe un ensemble de réflexions ayant pour objet de penser sur le fondement et la modalité du vivre-ensemble. Depuis l’Antiquité, ces réflexions visent particulièrement à sauver les humains de l’expérience traumatisante et stressante du chaos. C’est en ce sens que Platon dans la République, oeuvre majeure de la philosophie politique antique, identifie ce chaos à la démocratie qu’il définit comme étant le pire des régimes politiques, le philosophe identifie la démocratie à ce chaos parce qu’elle ne peut pas selon lui, faire régner l’ordre et l’harmonie dans la cité. Il préconise la justice comme thérapie afin d’amener l’harmonie entre les différentes couches sociales dans la cité. Cette harmonie, qu’Aristote dénomme le Bien Commun, prend le nom de paix civile chez les philosophes politiques modernes contractualistes. Et son contraire, le chaos, prendra chez ces derniers le nom d’état de nature, étape prépolitique caractérisée par la guerre de chacun contre chacun.
En effet, c’est dans son ouvrage intitulé Le Léviathan que Thomas Hobbes expose son hypothèse sur l’état de nature. Il s’agit d’un véritable postulat théorique où l’auteur décrit l’État avant l’avènement de l’État. Cela renvoie à un âge prépolitique de l’humanité. C’est un état de tension où les hommes sont exposés à une guerre de chacun contre chacun ou encore un état de guerre permanent où chacun doit se battre pour sa survie. Hobbes décrit les humains comme des être mûs par des désirs illimités dans un milieu où les ressources sont excessivement limités. Il en découle que l’humain devient un “homo homini lupus” . Cet état de guerre, précise Hobbes, ne doit jamais dégénérer en guerre. C’est ainsi que mûs par leur instinct de survie, les hommes de l’état de nature vont accepter de se déposséder de leur capital de violence au profit de l’érection du Léviathan qui n’est autre que l’État Moderne qui devient alors le détenteur du monopole de la violence légitime, pour reprendre la formule de Max Weber. C’est en ces termes que le philosophe politique décrit le procès de naissance de l’État Moderne. L’État Moderne est né du chaos, il est la thérapie, voire le conjurateur du chaos de la violence généralisée. Du coup, cela nous inspire la question suivante: si l’État Moderne devrait sauver l’homme du chaos, le guérit de son traumatisme et du stress chronique lié à la violence et à l’insécurité, qu’en est-il alors du cas d’Haïti où cet État Moderne capable de garantir le bonheur public n’existe pas?
26. Dodlyne Phynée ALADIN, Étudiante en Psychologie
« Traumatisme psychique : de la prévention aux interventions thérapeutiques »
La prévention du traumatisme comme bon nombre de troubles psychologiques se fait principalement par l’identification des facteurs de risques et les réduire le plus possible. La psychoéducation pour renforcer l’estime, la solidarité, la socialisation sont des facteurs importants à prendre en compte. La prise en charge immédiate lorsqu’une personne a vécu un événement potentiellement traumatique est à suggérer. Un simple débriefing selon la méthode de Mitchell et Bray ne suffira pas mais il faudrait un accompagnement continu visant à dépasser la compréhension de l’événement mais à pouvoir se projeter dans le futur après cet événement. Et ça ne doit pas être fait uniquement pour les personnes affectées au premier degré car il y a le traumatisme secondaire à prévenir également. En ce qui a trait aux interventions thérapeutiques, il est préférable d’opter pour une thérapie multiple prenant en compte tous les aspects de l’humain comme on le suggère dans la thérapie systémique. En effet, se centrer sur le trouble mental conduit à une approche individualiste et objective. Évoquer la souffrance psychique permet de mieux subjectiver l’individu, et de considérer le contexte de cette souffrance. Et de pouvoir prendre en compte toutes les personnes qui peuvent être affectées par celle-ci. Mais bien plus encore aller au-delà en combinant les Thérapies Cognitives et Comportementales avec la psychothérapie transpersonnelle sans oublier les traitements pharmacologiques spécifiques selon la manifestation du traumatisme.
27. Rose Dorlie CHAVANNES, Étudiante finissante en Psychologie.
« Traumatismes psychiques en Haïti : de la prévention aux interventions thérapeutiques »
Une multitude de situations traumatisantes s’amplifient dans la réalité haïtienne et ce, des décennies, sans aucune issue tant elles paraissent hors contrôle. Par conséquent, ce conditionnement déstabilisant peut générer des traumatismes psychiques chez ce peuple.
Nos compatriotes vivent quotidiennement un climat de stress chronique, d’incertitude voire une sorte d’anxiété généralisée, vivant la séparation d’êtres chers, la perte de leurs biens voire de leur propre dignité, s’attendent chaque jour à leur mort prochaine. Les familles se questionnent sur le développement à long terme de leur progéniture ! L’insécurité généralisée crée un climat de méfiance et de peur dans la société, ce qui entrave toute coopération nécessaire pour faire face à de telles crises. Le milieu professionnel en est aussi touché, à cause de l’instabilité sociopolitique, Haïti a connu une énorme baisse de productivité économique, sans parler d’une diminution de la performance au travail. Peut-on parler d’un pays sans toucher son aspect éducatif ! Sur ce point, les situations critiques ont un impact important sur l’éducation du pays et peut même compromettre les perspectives d’avenir pour la jeunesse haïtienne, ce qui est bien le cas. Les situations actuelles du pays, ont de profonds impacts sur la réalité haïtienne, touchant toutes les couches (depuis les nourrissons jusqu’aux vieillards). Il est du devoir des communautés locales de s’unir afin de fournir des solutions durables voire du soutien psychosocial en égard de ladite société dans le but de faire prévention contre les traumatismes psychiques ou du moins etre en mesure de les traiter.
28. Angelet TILUS, Étudiant finissant en Psychologie
« Approches thérapeutiques du traumatisme psychique »
La situation du peuple haïtien au regard de la santé mentale s’avère très critique, vu la recrudescence des problèmes d’ordres sociaux et naturels auxquels fait face le pays depuis des décennies. Parmi ces problèmes, on trouve: les instabilités politiques marquées par “les pays lock”, le kidnapping, les agressions physiques et sexuelles, et le phénomène du “bwa kale”. En outre, il y a: les inondations et les tremblements de terre. En effet, toutes ces situations, s’accompagnant de la mort en Haïti, montrent comment elles peuvent être à l’origine de traumatismes collectifs et/ou individuels complexes au sein des communautés. Afin de pouvoir aborder la question pertinemment, ce travail nous amène à ces interrogations: comment les haïtiens expérimentent-ils les traumatismes psychiques? Par quels symptômes se manifestent les traumatismes psychiques chez les haïtiens? Qu’est ce qui les caractérise au différent niveau d’âge? Comment établir une modalité préventive par rapport à ce problème? Quelles approches psychothérapeutiques les mieux applicables à leurs situations? La gestalt-thérapie et la thérapie cognitivo–comportementale sont les méthodes que nous proposons et considérées aptes à aborder la situation. La première met l’accent sur la conscience de ce qui se passe à l’instant présent aux niveaux corporel, affectif et mental. Cette expérience est appelée “ l’ici et maintenant” (Denise et al., 2001). Et la seconde, son travail principal est de modifier les comportements inappropriés. Cette méthode établit par observations, liens entre pensées, émotions et comportements (Bernard Granger et al., 2014).
29. Bénaldo JOURDAIN détient une licence en psychologie de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’État d’Haïti. Il a travaillé à titre de psychologue dans 2 centres hospitaliers de Zanmi Lasante dont l’Hôpital Universitaire de Mirebalais. Il a aussi travaillé pour Médecins Sans Frontières à l’Hôpital de Tabarre dans les services des grands brûlés et traumatologie. Suite au tremblement de terre du 14 août 2021, il a participé à une mission d’intervention psychothérapeutique auprès des survivants dans la Grand’anse et dans le Sud pour le compte de l’Association Haïtienne de Psychologie.
« Dissociation structurelle de la personnalité : fondements théoriques »
La dissociation est l’un des phénomènes psychiques les plus courants dans le vécu traumatique. Les personnes ayant vécu un événement traumatique présentent parfois des symptômes dissociatifs pouvant créer de la souffrance chez elles. Développée à partir des travaux de Janet et de Myers, la théorie de la dissociation structurelle de la personnalité nous présente de manière détaillée la mise en place du processus dissociatif dans le trauma et les conséquences de l’échec de l’intégration de l’événement traumatique. A travers cet article nous reprenons les bases fondamentales de cette théorie qui apporte des éléments de compréhension du vécu traumatique et des troubles qui peuvent en découler.
30. Burgharth PIERRE, Étudiante finissante en Psychologie
« Traumatisme et changements climatiques »
Septembre 2016, troisième section communale de la commune de Jacmel, Marbial, un paysan va à la recherche d’une vache, dans un contexte de grandes averses, s’est trouvé aux prises avec une rivière accrue, a perdu la vie. Une dame a perdu sa mère dans les mêmes circonstances pendant son enfance. Plus de trente années plus tard, elle n’a pas fait son deuil. Cet évènement a occasionné un choc traumatisant chez elle, enfant, à cette époque. C’est un fait plus ou moins courant dans cette localité et tant d’autres endroits du pays. Les conséquences psychologiques des changements climatiques sont manifestées sur diverses formes. Peu de gens sont conscients de l’impact psychique des changements climatiques. Dans la première communication de l’État sur le changement climatique en Haïti rien n’a été mentionné sur cet aspect. Puis dans la PNCC2, l’État a quand même reconnu les impacts des changements climatiques sur la santé de la population. Il s’agit surtout de la santé physique non pas mentale. Les apports de Ferenczi et Freud dans le modèle traumatique nous montre comment un événement extérieur peut provoquer des chocs psychologiques, laissant des traces durables. D’où notre intérêt de porter cette question dans cet espace ce colloque.
31. Euthnide ELASCO est étudiante mémorande en psychologie et en philosophie, respectivement à la Faculté des Sciences Humaines et l’École Normale Supérieure de l’Université d’État d’Haïti. Elle s’intéresse particulièrement à la psychologie du développement et de l’éducation et à la pensée d’une politique sociale haïtienne. Ses recherches actuelles portent d’un côté, sur la couleur de peau et d’un autre côté sur la tyrannie.
« Politiques publiques transdisciplinaires et prévention des traumatismes psychiques »
Comment penser une politique publique haïtienne pour la prévention et la prise en charge du traumatisme ? La question sera abordée autour de la violence. Qu’est-ce que la violence ? Quels sont les différents types de violence présents dans la société haïtienne ? Comment situer les différents types de violence par rapport au problème haïtien ? Quel rapport existe-t-il entre violence et traumatisme ? Comment sortir de cette impasse ?
Nous proposons une politique publique transdisciplinaire de non-violence. De là, une préoccupation s’impose : si une politique publique peut réellement prévenir et prendre en charge le traumatisme en Haïti ; alors, comment et quelles sont les différentes facettes que doit prendre en compte cette politique de non-violence ? La politique publique de non-violence est d’abord une politique éducative non-violente tant au niveau scolaire et professionnel qu’au niveau familial et environnemental. Ensuite, une politique pénale basée sur la réinsertion sociale et les droits humains. Puis, une politique inclusive de santé mentale où les services, les soins et les professionnels de santé mentale sont traités au même titre que la santé physique et physiologique. De surcroît, une politique de l’interdisciplinarité et de complémentarité où les différentes disciplines particulièrement, les filières des Sciences Humaines et Sociales peuvent participer dans la prévention et la prise en charge du traumatisme. Enfin, une politique constructive de la psychologie dans laquelle la psychologie, s’intéressant aux comportements et aux processus mentaux, est saisie comme discipline scientifique permettant de comprendre et de penser la gestion de la politique actuelle.
32. John Weekly HENRY, Étudiant finissant en Psychologie
« Manifestation culturelle du stress post-traumatique chez les jeunes de carrefour-feuille suite à la situation de violence des gangs armés »
D’emblée, il convient de dresser un constat en Haïti où la population haïtienne toute catégorie confondue vit à répétition une situation de violence dans les quartiers populaires. Cette situation de violence qui se fait de manière récurrente est ce que l’on pourrait appeler une situation potentiellement traumatique. Cette situation d’insécurité qui figure parmi tant d’autres à savoir l’insécurité alimentaire, le kidnapping, le « pays lòk », le « bwa kale » vient amplifier ce que la population éprouve comme peine. Alors cette situation chaotique engendre sans aucun doute une souffrance chez les jeunes qui s’avère une catégorie sociale qui serait prédisposée à la vulnérabilité vu déjà les problèmes existentiels liés aux enjeux identitaires qui les tourmentent relativement aux questions de statuts professionnels et sociaux. A tout cela s’ajoute la question de la violence des gangs armés qu’ils soient soit victimes ou témoins les mettant constamment face à face au réel de la mort engendrant potentiellement des réactions psychologiques diverses dont le Stress Post-Traumatique. Relativement à tout cela un ensemble de questions s’imposent à savoir : quel sens les jeunes accordent-ils à cette expérience de vie pénible ? Est-ce que c’est la manière dont ils interprètent cet évènement qui seraient à la base de l’émergence du stress post traumatique ? Cette manifestation du stress post-traumatique est-elle identique à celle établie par le DSM-5 ou le CIM-10 ? Cette croyance existante chez les jeunes serait-elle articulée à une croyance généralisée à l’ensemble de la communauté ? Par conséquent, dans le cadre de notre présentation, notre intérêt portera sur deux aspects : d’une part, le sens que les jeunes attribuent à cette expérience pénible en vue de savoir de quelle manière cela pourrait être à la base de la survenue du stress post-traumatique ; d’autre part, sa manifestation clinique. Nous devons signaler que notre population cible est constituée de jeunes de Carrefour-Feuilles.
33. Christina Roussa Charles, Etudiante en Psychologie.
Une approche thérapeutique du traumatisme psychique dans le milieu Haïtien
Une définition du traumatisme psychique nous vient de Louis Crocq (1996) qui le ramène à un processus d’effraction et de débordement du psychisme. La nature traumatique ou non d’un même événement ne va pas tant dépendre de l’événement lui- même que de la fragilité du psychisme qui va s’y trouver confronté. Il existe des profils peu « traumatisables » et d’autres qui, au contraire, vont l’être aisément et pourront se trouver pris dans le cercle vicieux d’un effet de cumul, l’évènement traumatisant venant non seulement aggraver la fragilité préexistante d’une personne, mais encore la rendre d’autant plus susceptible de vivre d’autres évènements sur un mode également traumatique (Six, 2016). Il existe dans la société Haïtienne maintes facteurs susceptibles de provoquer chez l’individu un traumatisme, vu ces différents facteurs négatifs tels que l’instabilité politique, l’insécurité, le chômage, les massacres, les violences physiques, le « bwa kale », pouvant faire obstacle au bien-être psychique de l’individu, il est primordial de considérer cette thérapie qui tend à prendre en compte tous les aspects de la vie intra et interpersonnelle du sujet, mais aussi étudie l’impact culturel dans le processus thérapeutique. La TCC et L’EMDR peuvent être les meilleures approches, car elles permettront à la fois de travailler sur les expériences traumatiques et de favoriser une approche de protection du psychisme. L’efficacité d’une approche thérapeutique dépendra de sa cohérence, pour le sujet et pour le thérapeute, dans le contexte de leur temporalité, ressources et contexte de l’alliance thérapeutique qui pourra se développer(Tordjman, 2019).