In memoriam*

Les rapports avec Rachel n’étaient jamais d’indifférence. Toute relation avec elle nécessitait de s’impliquer, de s’investir, dirais-je.

Ce qu’elle même m’a toujours semblé faire. Impliquée, investie, c’est ainsi que Rachel avait choisi d’être et d’être anthropologue.

En un mot, je dirais que Rachel comptait.

Le « monde des lwa », avec et dans lequel elle a vécu et a travaillé, constituait pour elle une référence, un monde de compréhension indispensable. En Haïti, comme au-delà des frontières du pays, elle était une référence en ce domaine. Elle comptait. Elle pesait par son savoir, par un savoir qu’elle voulait faire science. Et, de ce « terrain de vie et d’étude », elle nous parlait, comme elle parlait à partir de lui, nous montrant parfois les limites inhérentes aux normes de notre profession, si ce n’était les limites de notre profession.

Rachel comptait par sa condition de femme. Par sa condition de femme, de femme militante pour l’égalité. Egalité des genres, certes, égalité des expériences, surtout. Par la liberté avec laquelle elle écrivait, disait, pensait, associée à une infatigable énergie, elle voulait faire bouger des lignes, les lignes des idées, les lignes d’une discipline. Elle voulait indiquer des failles et peut-être, finalement, être attentive à la constellation des émotions, qui au sein de la discipline qui a nous rapprochées, peut nous faire parfois croire en une unique conjonction entre le poétique et l’ethnologique.

Maud Laethier

LADIREP inaugure avec ce mot de Maud Laethier une série de textes et témoignages en hommage à notre collègue Rachel Beauvoir-Dominique

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